LES PRODUITS « diète » STIMULENT L’APPÉTIT !
Une étude permet de penser que les faux sucres stimulent la consommation de nourriture en activant certains neurones impliqués dans le contrôle de l’appétit. Un rappel que les aliments «diète» ne sont pas une approche valable pour réduire l’apport en calo
Les sucres ajoutés aux aliments industriels sont de plus en plus pointés du doigt comme un important facteur de risque d’obésité et de maladies du coeur. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, ces sucres ajoutés ne devraient pas dépasser 10 % de notre apport énergétique quotidien, ce qui représente pour un adulte moyen environ 50 g ou 12 cuillérées de sucre. Cette limite est malheureusement difficile à respecter en raison de l’omniprésence de ces sucres dans les aliments qui nous sont proposés: le pire exemple est bien entendu les boissons gazeuses, avec plus de 40 g de sucre par canette, mais il faut réaliser que les deux tiers de nos calories proviennent d’aliments transformés, qui contiennent souvent des quantités importantes de sucre (céréales, yogourts et pains, pour n’en nommer que quelquesuns). Chacun d’entre nous est donc exposé à des quantités importantes de sucres ajoutés, bien souvent à son insu.
faux sucres, fausses promesses
En théorie, la substitution de ces sucres ajoutés par des édulcorants comme l’aspartame ou le sucralose (Splenda) devrait réduire les risques associés aux sucres ajoutés. Ces substances miment le goût sucré, mais sont dépourvues de calories, et la consommation de ces faux sucres devrait donc permettre aux consommateurs de satisfaire leur attirance pour le sucre sans pour autant ingérer un surplus d’énergie pouvant mener au surpoids et aux problèmes de santé associés à l’embonpoint et à l’obésité, comme le diabète, l’hypertension ou certains cancers.
La réalité est pourtant bien différente: non seulement les produits diète ne permettent pas d’éviter l’accumulation d’un excès de poids, mais plusieurs études ont clairement montré que les personnes qui consomment ces sucres artificiels, des boissons gazeuses diète, par exemple, ont un risque accru d’obésité, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de syndrome métabolique identique à celles qui consomment des aliments contenant du vrai sucre. Autrement dit, qu’ils soient «vrais» ou «faux», les sucres ajoutés sont néfastes pour la santé et ce n’est pas parce qu’un produit est étiqueté comme étant «diète» qu’il est pour autant anodin.
impacts métaboliques
Il est d’ailleurs de plus en plus clair que les édulcorants comme l’aspartame ou le sucralose ont des impacts négatifs sur le fonctionnement du métabolisme. Par exemple, une étude a récemment montré que l’addition d’aspartame, de saccharine ou de sucralose à l’alimentation était associée à une augmentation marquée du taux de sucre sanguin, plus élevée même que celle observée suite à la consommation de «vrai» sucre. Ce résultat surprenant serait causé par un dérèglement de la communauté bactérienne présente dans l’intestin par les édulcorants, associée à l’apparition d’une perturbation des mécanismes impliqués dans la gestion du glucose1.
Une étude récente permet de penser que le dérèglement de l’appétit serait un autre impact négatif des édulcorants2. En utilisant des drosophiles (mouches à fruits) comme modèle, une équipe de scientifiques australiens a en effet observé que le simple fait d’ajouter un édulcorant (sucralose) à l’alimentation de ces insectes entraînait une hausse de 30 % de la quantité totale de calories consommées. Cet effet est réellement causé par le sucralose, car l’apport calorique redevient à la normale dès que cet édulcorant est éliminé de l’alimentation. Selon les expériences réalisées par les auteurs, il semble que les mouches exposées au sucralose ont développé en parallèle une plus grande attirance envers le vrai sucre et qu’elles étaient capables de le détecter à très faibles doses, ce qui les poussait à en manger plus. Le même phénomène est observé chez les mammifères, car des souris exposées pendant sept jours au sucralose montrent une augmentation de 50 % de la consommation de nourriture, un phénomène lié à une hausse d’un neurotransmetteur (neuropeptide Y), dont le rôle est normalement de stimuler l’appétit lors d’un jeûne.
cerveau futé
Ces résultats suggèrent donc que le cerveau n’aime pas qu’on cherche à le berner avec des faux sucres: lorsqu’il détecte le goût sucré, mais sans les calories qui lui sont normalement associées, il réagit en augmentant l’appétit envers d’autres aliments pour compenser cette absence de calories. Cela n’est pas tellement étonnant, car le rôle fondamental du cerveau n’est pas seulement de détecter les sources de sucre, mais surtout les calories essentielles à la survie. Pour le cerveau, l’absence de calories des édulcorants est équivalente à une carence de nourriture, ce qui active automatiquement les mécanismes de survie impliqués dans la prise de nourriture.
Les produits diète contenant des édulcorants ne sont donc aucunement une solution aux problèmes de santé associés à la consommation excessive de sucre. La seule façon réaliste de limiter son apport en sucre ajouté est donc de cuisiner soi-même et de limiter au maximum la consommation de produits industriels, surtout ceux proposés par l’industrie de la malbouffe.