Le Journal de Montreal

LE DÉCÈS : EN PARLER À SES ENFANTS

La mort est souvent un sujet délicat, surtout lorsque vient le moment de l’expliquer aux tout-petits. Hélène Fagnan, fondatrice de Nanny secours et coach parental, nous donne de précieux conseils.

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LE MOMENT PROPICE

Il n’y a pas de bonne ou de moins bonne occasion d’aborder ce sujet avec ses enfants; c’est plutôt la vie qui se charge de créer ce moment. « Nous sommes entourés par la vie et la mort. Des êtres humains, des animaux et des plantes meurent dans les dessins animés comme dans la réalité, autour de nous. Si votre enfant pose des questions, répondez-y! »

CHOISIR LES BONS MOTS

Il est important de choisir les bons mots pour expliquer la mort à un jeune enfant, pour qui la significat­ion peut être difficile à comprendre. « Dire que grand-papa, par exemple, est “parti” ou encore “qu’il dort pour toujours” pourrait créer de la confusion. “Partir’’ implique qu’il peut revenir, et “dormir’’, qu’il peut se réveiller. De plus, en associant le sommeil à la mort, il y a un risque que l’enfant ait peur de dormir ou que les gens qu’il aime dorment. Il faut aussi éviter de dire : “Il est mort parce qu’il était malade”, pour ne pas que l’enfant ait peur de mourir lorsqu’il sera malade. Je suggère donc de le dire le plus simplement du monde et révéler ce que cela implique. Par exemple: “Grand-papa est mort. Quand quelqu’un est mort, il ne bouge plus, ne respire plus, ne parle plus, ne rit plus.” Expliquez-lui que mourir est naturel et que tout être vivant meurt, un jour ou l’autre, et qu’il ne faut pas en avoir peur. »

DIRE TOUTE LA VÉRITÉ?

Ne pas expliquer les vraies choses aux enfants peut avoir deux effets néfastes. « Premièreme­nt, les enfants ont une imaginatio­n débordante, ce qui fait qu’en les laissant

dans l’ombre, ils imagineron­t les choses pires qu’elles ne le sont en réalité, ce qui pourrait créer beaucoup d’anxiété. Deuxièmeme­nt, le fait qu’on n’explique pas à l’enfant ce qui se passe réellement peut lui donner l’impression d’être mis à l’écart du reste de la famille et, de ce fait, l’insécurise­r. Les enfants sont des éponges à émotions. Donc, même si vous êtes très bon acteur, ils sentiront qu’il se passe quelque chose. Ne lui cachez pas votre peine. Votre enfant apprendra comment réagir dans de telles situations en vous regardant et en vous imitant. Prenez le temps de répondre à toutes ses questions et aidez-lui à verbaliser ses émotions par le biais de livres d’histoire, par exemple. »

GÉRER LA PEUR

Il est possible que l’enfant ait peur de mourir ou de vous perdre. « Dites-lui la vérité, mais que cela n’arrivera que lorsqu’il sera à son tour un adulte. Tentez de comprendre ce qui a déclenché cette peur chez lui. »

FACILITER LE DEUIL

Pour un enfant en deuil, il importe de respecter le plus possible sa routine habituelle. « Cela le rassurera. Il est aussi pertinent de l’amener au service funéraire. Ce rite pourrait l’aider à mieux comprendre la mort et à dire au revoir une dernière fois à l’être cher. Toutefois, ce choix appartient aux parents et à leurs croyances. »

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HÉLÈNE FAGNAN, FONDATRICE DE NANNY SECOURS

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