Les nombreux congés de maladie des élus décriés
Des citoyens vont même jusqu’à parler d’un «syndrome de l’UPAC» qui afflige le conseil
Les congés de maladie du maire et de conseillers de la ville de Terrebonne ont des impacts négatifs sur les citoyens et sont une manière de contourner la Loi, déplorent des élus.
«Lorsqu’un élu ne siège plus pendant des mois, ça pose un problème assez important pour les citoyens», estime le conseiller indépendant Serge Gagnon.
Le conseil a voté hier, à huit contre six, en faveur de la prolongation du congé de maladie de la conseillère Marie-Claude Lamarche, lors d’une séance extraordinaire.
Depuis la fin de l'été trois élus de la ville sont tombés en congé de maladie, en plus du chef de cabinet du maire, Daniel Bélec.
Mme Lamarche, en congé depuis le mois d’août, est la femme de M. Bélec, visé par des allégations de corruption. L’Unité permanente anticorruption (UPAC) a perquisitionné à deux reprises la résidence du couple, plus tôt cet été, dans le cadre d’une importante enquête qui visait une dizaine d’endroits à Terrebonne, dont la maison du maire, Jean-Marc Robitaille.
PRÉJUDICE
La conseillère pourra donc s’absenter du travail, avec salaire, pour 90 jours supplémentaires, sans perdre son siège.
«Elle a déposé cette semaine son dossier médical et la Loi permet de reconduire un congé de maladie s’il ne cause aucun préjudice aux citoyens du quartier», a expliqué le maire par intérim Marc Campagna.
Pour M. Gagnon, il s’agit toutefois d’une manière «légale» de contourner une Loi qui doit pourtant assurer aux citoyens d’avoir droit aux services pour lesquels ils paient.
«Le règlement est fait pour qu’un élu qui n’est pas capable d’assumer ses fonctions pendant 90 jours doive se retirer, dit-il. Un conseiller doit être au service de la population tout le temps.»
Il craint d’ailleurs que le maire, lui aussi en congé de maladie depuis la mi-août, fasse la même chose que la conseillère Lamarche. Selon la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, son mandat prendra fin s’il ne se présente pas à la prochaine séance du conseil prévu pour le 14 novembre.
Le conseil pourrait toutefois lui accorder un délai de grâce de 30 jours ou voter pour une prolongation de 90 jours, comme pour Mme Lamarche.
De son côté, la conseillère indépendante Nathalie Bellavance est aussi d’avis que les congés de maladie à répétition nuisent aux citoyens.
«Marie-Claude est vraiment malade, je ne dis pas le contraire, mais les citoyens du secteur dont elle s’occupe n’ont plus de conseiller. Il y a donc préjudice» assure-t-elle.
«SYNDROME DE L’UPAC»
Plusieurs citoyens étaient d’ailleurs visiblement en colère hier, dénonçant un mystérieux «syndrome de l’UPAC» qui semble affliger certains de leurs élus.
«Je trouve ça drôle qu’il y ait autant de congés de maladie en même temps que les enquêtes de l’UPAC. Ça mériterait un deuxième avis médical, non?» a demandé le citoyen Nicolas Girard lors de la période de questions.
Le maire par intérim a pour sa part assuré qu’«aucun citoyen de Terrebonne n’était abandonné», malgré les nombreux congés de leurs élus.