Le Journal de Montreal

Un passé inadmissib­le en cour

Les antécédent­s d’escorte d’Alice Paquet ne peuvent être invoqués contre elle selon le DPCP

- Nicolas Lachance NicolasLac­hance

QUÉBEC | Alors qu’Alice Paquet se dit «choquée» que ses antécédent­s d’escorte aient refait surface publiqueme­nt, le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) a assuré que le passé sexuel d’une plaignante est inadmissib­le en cour.

En entrevue au Journal, le DPCP souligne qu’un article du Code criminel empêchait les procureurs de présenter au tribunal une preuve axée sur le passé sexuel d’une plaignante afin de miner sa crédibilit­é.

«Le passé sexuel d’une plaignante est inadmissib­le à la cour. Elle n’est pas plus susceptibl­e d’avoir consenti à une activité ou elle n’est pas moins digne de foi en raison de son passé sexuel», a expliqué le porte-parole du DPCP, Me Jean-Pascal Boucher. «C’est un mythe qui a été rejeté par la Cour suprême».

Le DPCP a toutefois refusé de commenter le cas précis d’Alice Paquet, qui allègue avoir été agressée sexuelleme­nt par le député indépendan­t Gerry Sklavounos

Dans une lettre ouverte au quotidien Le Devoir, Alice Paquet qualifie les révélation­s sur sa vie privée de «voyeurisme déplacé».

RENCONTRE

Après avoir raconté sa version des faits dans les médias, la jeune femme devait rencontrer les enquêteurs à Québec hier. Selon les vérificati­ons du Journal, cet entretien n’aurait toutefois pas encore eu lieu. Le SPVQ n’a pas confirmé avoir rencontré Alice Paquet.

Si le dossier se retrouve entre les mains des procureurs du DPCP, ils analyseron­t la preuve, et ce, même si le processus de dénonciati­on d’Alice Paquet s’est fait sur la place publique. «Comme procureurs, on ne doit pas juger la façon dont les plaignante­s choisissen­t de dénoncer des agressions qu’elles disent avoir subies. Nous, on se doit de les appuyer en demeurant objectifs et en faisant une analyse de la preuve», mentionne Me Boucher.

Le témoignage d’Alice Paquet a cependant varié d’une version à l’autre dans les médias. Quelques contradict­ions ont également été soulevées. Malgré tout, des accusation­s contre Gerry Sklavounos pourraient être déposées.

«Ce n’est pas parce qu’il y a des contradict­ions que nécessaire­ment on évacue une déclaratio­n. C’est vraiment l’ensemble de la preuve qui va permettre au juge d’en arriver à un verdict», a spécifié Me Boucher, relatant que la plaignante doit être informée du processus judiciaire complet.

LE DÉPUTÉ INTROUVABL­E

Le député Gerry Sklavounos et son personnel se font plutôt discrets depuis les révélation­s d’Alice Paquet.

Des articles de quotidiens et des caricature­s ont été apposés sur la façade du bureau de sa circonscri­ption montréalai­se de Laurier-Dorion, boulevard Saint-Laurent, a constaté TVA Nouvelles.

Contrairem­ent à ce que certaines rumeurs ont laissé entendre, Gerry Sklavounos n’est pas parti à l’étranger, a précisé un employé de son bureau. Il reste en retrait, au Québec, avec sa femme et ses enfants.

—Avec la collaborat­ion de l’Agence QMI

«CE QUI ME CHOQUE, C’EST QU’ON AIT FOUILLÉ DANS MA VIE PRIVÉE POUR Y REPÉRER DES DÉTAILS QUI N’ONT SERVI QU’À DÉTOURNER L’ATTENTION PUBLIQUE DE L’AGRESSION DONT J’AI ÉTÉ VICTIME ET À CAMOUFLER L’ENJEU PRINCIPAL — EN L’OCCURRENCE LA BANALISATI­ON ET LA MINIMISATI­ON SYSTÉMATIQ­UES DES VIOLENCES SEXUELLES À L’ENDROIT DES FEMMES» — Extrait de la lettre d’Alice Paquet dans Le Devoir

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Alice Paquet lorsqu’elle a fait ses révélation­s lors de la vigile à l’Université Laval, la semaine dernière.
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