Hausse fulgurante des complications chirurgicales
Près de la moitié des interventions chirurgicales faites auprès des transsexuels l’an dernier visaient à corriger des problèmes après leur changement de sexe. Ces opérations sont en pleine explosion au Québec.
Pas moins de 109 transsexuels ont été réopérés en 2015-2016 pour une complication ou une retouche après un changement de sexe, selon les données du ministère de la Santé (MSSS) obtenues par Le Journal.
PRÈS DE LA MOITIÉ
Certains patients subissent aussi une deuxième opération pour compléter leur réassignation sexuelle, précise le MSSS.
L’an dernier, ces 109 patients représentaient 46% des interventions faites sur des personnes transsexuelles (voir tableau).
«On ne fabrique pas un sexe comme des beignes ou un gâteau. Il arrive souvent que ce soit douloureux, que l’urètre ne va pas», souligne Marie-Marcelle Godbout, fondatrice et présidente de l’Aide aux transsexuels du Québec.
«Mais il n’y a pas d’abus ni d’exagération, j’en suis certaine. […] Il faut avoir souffert énormément psychologiquement pour aller se coucher sur une table d’opération», dit-elle.
Depuis le début du remboursement des chirurgies de réassignation sexuelle en 2009, le nombre d’opérations annuelles est en constante progression, passant de 16 à 237.
Dans cette optique, il n’est pas surprenant que les chirurgies correctives soient en croissance depuis deux ans.
DIFFÉRENTS PROBLÈMES
Selon le MSSS, les complications les plus fréquentes sont les fistules urinaires et la sténose urétrale (rétrécissement de l’urètre).
Mais, au ministère, on dit ne pas être préoccupé par le nombre élevé de complications. Au Centre métropolitain de chirurgie, spécialisé dans ces opérations, on souligne que le changement de sexe est complexe et nécessite souvent plusieurs interventions.
«La guérison peut prendre jusqu’à un an, il faut laisser le temps, dit Anne Dubé, infirmière. Ce ne sont pas toujours des complications, c’est vraiment du cas par cas.»
Par ailleurs, Mme Godbout constate que les chirurgies de réassignation sexuelle se sont grandement améliorées depuis quelques années.
«Ce n’est pas comparable! Il y a des congrès, de nouvelles découvertes. Sur le plan visuel, c’est à s’y méprendre. Ce sont presque des oeuvres d’art. Malheureusement, la guérison est plus difficile pour certains.»
Selon elle, plusieurs des patients réopérés récemment grâce au programme de remboursement étaient insatisfaits du résultat de leur changement de sexe depuis longtemps.
Depuis 2009, 661 personnes transsexuelles ont subi un changement de sexe remboursé par la RAMQ, La facture totale payée pour ces chirurgies atteint près de 12 millions $.