Le Journal de Montreal

Il faudra surveiller « CiCi » Bellis

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C’était au début de septembre. Sur le plus grand terrain du monde, Catherine Cartan Bellis avait rendez-vous avec Angelique Kerber, qui allait devenir numéro 1 au bout de la quinzaine. Dans la nuit new-yorkaise, «CiCi» n’a pas gagné. L’adversaire était bien trop expériment­ée, trop talentueus­e aussi. Mais à 17 ans, Bellis a laissé une jolie carte de visite.

Depuis son inattendu parcours jusqu’au troisième tour du US Open, Bellis n’a pas reculé. Elle était à Québec une semaine après les Internatio­naux des États-Unis. Elle y a atteint les quarts de finale.

De retour dans la province la semaine dernière pour jouer le Challenger de Saguenay, l’Américaine a honoré son statut de favorite en enlevant le trophée. La voilà 101e mondiale et avec un cinquième titre pro en poche. «La plus grosse victoire de ma carrière», a pointé la jeune après son triomphe.

CHEZ LES PROS

Ces succès auraient pu être mis en veilleuse. Le coeur de Bellis a longuement hésité entre la possibilit­é de passer chez les profession­nelles et celle de jouer au tennis pour l’Université Stanford, dans sa Californie natale. Elle était à Québec quand son choix a été confirmé: elle évoluera à temps plein sur le circuit WTA.

Avec du recul, c’était la décision logique. S’il est normal pour une joueuse d’assurer son après-carrière en poursuivan­t ses études, ce n’est pas la voie préférable quand on aspire à monter rapidement les échelons du circuit féminin. Il se joue du bon tennis dans la NCAA, mais on est encore loin du calibre de la WTA. Opter pour cette voie aurait retardé son développem­ent sportif.

Car elle a du potentiel, la jeune «CiCi». Un grand potentiel même. On l’avait déjà noté il y a deux ans, quand elle a battu Dominika Cibulkova au US Open. Bellis n’avait que 15 ans. Rares sont les joueuses de son âge qui ont la chance de se faire valoir dans un tournoi majeur, ce qui rend plus difficiles les comparatif­s.

Mais quand même: pour vaincre une membre régulière du top 20 à 15 ans, il faut avoir un petit quelque chose de spécial.

STRATÉGIQU­E

Bellis n’est pas la plus puissante. C’est une joueuse intelligen­te, stratégiqu­e. Elle montre une belle constance sur le terrain, elle lit bien le jeu. Dans cette confrontat­ion de troisième tour face à Kerber, on avait parfois l’impression de voir la réflexion de l’Allemande dans un miroir. Le pointage a été sec – 6-1 et 6-1 –, mais le match s’est décidé à peu de choses.

Kerber a misé sur son expérience pour remporter les points importants, Bellis en a fait un peu trop quand l’occasion était là. C’est le schéma classique d’une rencontre entre une joueuse établie et une étoile montante.

L’intelligen­ce et la compréhens­ion du tennis sont de belles qualités à posséder à un si jeune âge. Des atouts qui peuvent compenser pour un service

plus faible ou un jeu qui manque de puissance, même si ces deux éléments pourront (et devront, dans la mesure du possible) être corrigés dans les prochaines années.

Ce sont aussi des qualités qui pourront atténuer son autre lacune: Bellis mesure 5 pi 7 po pour 110 lb. Dans le tennis d’aujourd’hui, il s’agit d’un petit gabarit. Mais ce n’est pas un gage d’insuccès pour autant. Justine Henin avait un physique semblable et elle a été l’une des athlètes les plus dominantes de sa génération.

Au fil de sa carrière, la Belge a appris à cogner plus fort, pour jouer dans la même ligue que les soeurs Williams. Ça l’a propulsée vers le premier rang mondial et sept titres du Grand Chelem.

Il est bien trop tôt pour dire si Bellis empruntera le même chemin et si sa route la mènera aussi loin. Mais une chose est certaine: si le nom d’une joueuse de 17 ans revient souvent dans les discussion­s, c’est qu’elle a quelque chose de spécial. Il faudra la surveiller.

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Catherine Cartan Bellis
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