Le Journal de Montreal

Il y aura malheureus­ement un perdant

- Marc de foy marc.defoy@quebecorme­dia.com

La Série mondiale a un côté singulier cette année puisqu’elle met en présence deux équipes qui ne l’ont pas gagnée depuis très longtemps. Personne n’a été témoin de la dernière conquête des Cubs de Chicago, qui remonte à plus d’un siècle. Dans le cas des Indians de Cleveland, il faut avoir au moins 75 ans pour se souvenir de leur dernier grand championna­t remporté en 1948.

À moins de résider à Chicago ou à Cleveland, les appuis sont partagés chez les amateurs.

Ceux-ci ont habituelle­ment un faible pour les équipes qui n’ont pas gagné souvent ou qui sont négligées.

Les Cubs sont grands favoris. C’est censé être leur année. Mais parce qu’ils sont en quête d’un premier championna­t de la Série mondiale depuis 1908, on les trouve aussi sympathiqu­es que les Indians.

Mais ça prendra malheureus­ement un perdant.

L’ÉQUIPE NUMÉRO UN DE CHICAGO

Dans la Ville des vents, les Cubs ont la cote depuis toujours.

Les White Sox ont beau miser sur Barack Obama comme leur plus grand partisan, les Cubs sont l’équipe numéro un de Chicago, tous sports confondus.

Depuis des années, ils sont surnommés affectueus­ement les

lovable losers, appellatio­n qui a perdu un peu de son sens maintenant qu’ils sont les champions de la Ligue nationale.

Mais là encore, ce championna­t n’aura toute sa significat­ion aux yeux de leurs fans que s’il est accompagné d’un titre de la Série mondiale.

STADE MYTHIQUE

Le Wrigley Field, où les Cubs ont pignon sur rue depuis 1914, est le stade le plus chaleureux des ligues majeures.

Une affiche de la rue municipale sur laquelle il est écrit Welcome to the

friendly confines of Wrigley Field est plantée devant l’entrée principale.

Bon an, mal an, plus de 30000 partisans sont au rendez-vous à chaque match. Leur fidélité se transmet de génération en génération.

S’ils battent les Indians, il s’agira d’une victoire à saveur historique.

Il n’y avait pas de médias électroniq­ues en 1908. Les amateurs qui n’arrivaient pas à mettre la main sur des billets pouvaient suivre le déroulemen­t des matchs en direct sur des tableaux aménagés sur les façades des immeubles des journaux, qui étaient nombreux dans les grandes villes américaine­s au début du 20e siècle.

Les Cubs avaient remporté le championna­t de la Ligue nationale pour la troisième année d’affilée lorsqu’ils ont vaincu les Tigers de Detroit, une deuxième fois de suite, lors de la Série mondiale de 1908.

Ils avaient perdu aux mains des White Sox en 1906.

Après ce triplé, ils ont remporté le championna­t de la Ligue nationale à sept autres reprises entre 1910 et 1945, le dernier survenant deux mois à peine après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1948, les Indians décrochère­nt leur deuxième titre de la Série mondiale.

L’année précédente, ils avaient emboîté le pas aux Dodgers en faisant de Larry Doby le premier joueur de race noire à jouer dans la Ligue américaine, trois mois après les débuts fracassant­s de Jackie Robinson à Brooklyn.

GÉRANTS EXTRAORDIN­AIRES

Le grand lanceur Satchel Paige, qui fut la principale attraction de la Ligue des Noirs pendant des années, faisait également partie de la dernière édition championne des Indians.

Il était âgé de 42 ans ou était-ce 45? 48? 50? On ne le savait pas vraiment. La confrontat­ion qui s’amorce ce soir s’annonce palpitante.

Les Cubs et les Indians sont des équipes bien équilibrée­s et dirigées par des gérants géniaux qui ont l’écoute de leurs joueurs.

Avant de débarquer à Cleveland, Terry Francona avait mené les Red Sox de Boston à deux conquêtes de la Série mondiale.

La première, remportée en 2004, mit fin à une disette de 86 ans pour les Red Sox. Comme lui, son vis-à-vis Joe Maddon a sorti les Rays de Tampa Bay des ténèbres durant son règne en Floride.

Maddon a mené les Rays à quatre participat­ions aux séries, dont un championna­t de la Ligue américaine, pendant ses neuf saisons à la barre de l’équipe.

DEUX PROTÉGÉS DE THEO EPSTEIN

Les deux ont été embauchés par le même homme, Theo Epstein, considéré comme le meilleur administra­teur du baseball.

Epstein n’avait que 28 ans quand il est devenu directeur général des Red Sox, en 2002.

Deux ans plus tard, Francona succédait à Grady Little, qui avait pris la décision controvers­ée de laisser Pedro Martinez au monticule après que celui-ci eut accordé trois coups sûrs consécutif­s avec une avance de 5 à 2, lors de la huitième manche du septième match de la série de championna­t de la Ligue américaine.

Les Yankees de New York comblèrent l’écart pour se sauver avec la série.

L’année suivante, les Red Sox remirent la monnaie de leur pièce à leurs ennemis jurés en remontant un déficit de 0-3, un fait unique dans les annales du baseball, pour remporter le Championna­t.

Ils balayèrent ensuite les Cardinals de Saint Louis en Série mondiale.

Douze ans plus tard, le sort veut que Francona et Maddon s’affrontent dans la Série mondiale.

Epstein, qui occupe le poste de président des opérations baseball des Cubs depuis 2011, a fait appel à Maddon l’an dernier.

Il le voit comme l’homme qui peut mener les Cubs aux grands honneurs.

Alors, qui, des Cubs ou des Indians, favorisez-vous?

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Le Wrigley Field, où les Cubs ont pignon sur rue depuis 1914, est le stade le plus chaleureux des ligues majeures.
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