Du répit après l’austérité
Leitao met à jour ses livres
QUÉBEC | Malgré un excédent de 2,2 milliards $, le gouvernement Couillard est incapable de réaliser sa promesse électorale de verser 50 % des surplus en baisses d’impôts.
«Nous avons aussi dit, en campagne électorale, que nous allions rétablir l’allocation aux grandes missions de l’État, donc 3,5 % en éducation et à peu près 4 % de croissance des dépenses en santé», a affirmé le ministre des Finances, Carlos Leitao, lors du dépôt de sa mise à jour économique.
«Après ça, si surplus il y avait, bon, là, on ferait cette distinction, cette allocation 50-50 entre la dette et la réduction d’impôt», a-t-il ajouté.
Ces revenus plus importants que prévu permettent néanmoins à Québec de revoir à la hausse ses cibles de dépenses en santé et en éducation et d’abolir la taxe santé juste à temps pour les élections de 2018.
SOUS-FINANCEMENT EN SANTÉ
Cette «taxe injuste» mise en place par l’ancien ministre libéral Raymond Bachand cessera d’apparaître sur le rapport d’impôt des Québécois en 2018. Son abolition redonnera aux contribuables près de 250 M$ l’an prochain. «On ne parle pas de grosses baisses d’impôts», a reconnu M. Leitao. «Il faut y aller de façon responsable.»
Cette prudence peut s’expliquer par le sousfinancement du réseau de la santé. Québec annonce en grande pompe un «réinvestissement» de 100 millions $ cette année et de 300 millions $ l’an prochain. Or, dans l’absolu, le budget du plus gros ministère va croître de 3,3 % cette année et de 3 % en 2017-18.
C’est loin de la promesse libérale de 4 % et le ministre Leitao le concède, ce n’est pas assez pour s’occuper des malades: «À terme, les dépenses en santé au Canada, en général, devraient augmenter aux alentours de 4 % par année, 4,5 % par année.»
LES MÉDECINS
Pour y arriver, M. Leitao compte toujours sur le gouvernement Trudeau, qui a pourtant annoncé que les transferts en santé ne dépasseront pas 3 %. Autre nuage noir qui flotte audessus des finances publiques à partir de 2019, la hausse salariale reportée des médecins coûtera plus 800 M$ aux contribuables.
Le gouvernement a par ailleurs révisé à la baisse les perspectives de croissance économique du Québec: la hausse de produit intérieur brut (PIB) ne devrait être que de 1,4 % en 2016.
«Ça semble être ça un peu, notre vitesse de croisière» a dit M. Leitao, qui attribue cette croissance anémique au choc démographique. Il nie également que les compressions des dernières années aient eu un effet négatif sur l’économie.