Le Journal de Montreal

Les 2 mains sur le gouvernail

- MARIO DUMONT

Autant en matière d’identité le gouverneme­nt Couillard a l’air d’un boxeur sonné qui tente de remettre ses yeux droits, autant il tient la route sur les finances publiques. Le gouverneme­nt n’a jamais dévié de sa trajectoir­e depuis le début de son mandat. La mise à jour d’hier ne fait pas exception.

Cette mise à jour nous fait véritablem­ent passer dans l’ère post-austérité. Le gouverneme­nt doit rester rigoureux dans la gestion de ses dépenses, mais il n’a plus besoin de serrer la vis à des postes sensibles.

AFFAMÉS

Des pressions s’exerçaient de toutes parts sur le ministre des Finances, alors qu’il se retrouve avec une intéressan­te marge de manoeuvre. Celleci résulte de la bonne performanc­e de l’emploi ces derniers mois, combinée à une gestion serrée des dépenses.

Un peu de marge de manoeuvre, c’est du rare au Québec. Nous sommes plus habitués aux scénarios catastroph­es et aux déficits pires que prévus. La tentation est donc forte d’agir comme des affamés qui pillent un buffet.

La CAQ lui suggérait d’abandonner tout remboursem­ent de la dette pour baisser les impôts avec les excédents alors que des voix de tous les milieux réclamaien­t des nouvelles dépenses. Notez que les nouvelles dépenses portent un plus beau nom: réinvestis­sements.

L’électeur aime mieux le mot réinvestis­sements que dépenses. Mais pour le comptable ou l’économiste, ce sont des synonymes.

Le ministre des Finances a offert hier un exercice balancé. Tel qu’annoncé, il procède à certains «réinvestis­sements». Il maintient le cap en matière de remboursem­ent de la dette. Et il devance des allègement­s d’impôt.

Cette approche équilibrée a l’avantage de poursuivre l’assainisse­ment des finances du Québec tout en visant d’autres objectifs en même temps. La priorité à l’éducation par exemple devient réelle en y mettant des sommes.

LEITAO CRÉDIBLE

Cette approche a aussi l’avantage de maintenir la crédibilit­é du Québec auprès des agences de crédit. Je sais, vous détestez qu’on vous parle des agences de crédit. Ce qui est à la mode, c’est de dire que le gouverneme­nt devrait se tenir debout devant cette détestable haute finance.

Le problème, c’est qu’elles décident largement du taux d’intérêt que nous payons sur nos emprunts. Et avec 280 milliards de dette… un quart de point coûte cher! Elles jugent notre gouverneme­nt sur sa capacité à tenir parole. Le gouverneme­nt Couillard a un parcours sans faute en la matière. Deux agences ont d’ailleurs rehaussé la cote du Québec en cours d’année.

Après avoir pris acte de la colère des citoyens face aux patates en poudre et aux changement­s de couches peutêtre trop espacés dans les CHSLD, les libéraux ont voulu montrer aussi leur volonté de rehausser certains services. Même constat en éducation.

Une mise en garde au ministre des Finances. Il doit s’assurer que ses collègues font leur devoir pour aiguiller les nouveaux fonds vers les problèmes que le gouverneme­nt souhaite régler. Nos vastes réseaux peuvent engloutir bien des millions sans que les services à la population ne soient rehaussés.

Les fonds sont réclamés au nom de la clientèle… mais rien ne garantit les résultats.

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Une mise en garde au ministre des Finances. Il doit s’assurer que ses collègues font leur devoir pour aiguiller les nouveaux fonds vers les problèmes que le gouverneme­nt souhaite régler.
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