Les 2 mains sur le gouvernail
Autant en matière d’identité le gouvernement Couillard a l’air d’un boxeur sonné qui tente de remettre ses yeux droits, autant il tient la route sur les finances publiques. Le gouvernement n’a jamais dévié de sa trajectoire depuis le début de son mandat. La mise à jour d’hier ne fait pas exception.
Cette mise à jour nous fait véritablement passer dans l’ère post-austérité. Le gouvernement doit rester rigoureux dans la gestion de ses dépenses, mais il n’a plus besoin de serrer la vis à des postes sensibles.
AFFAMÉS
Des pressions s’exerçaient de toutes parts sur le ministre des Finances, alors qu’il se retrouve avec une intéressante marge de manoeuvre. Celleci résulte de la bonne performance de l’emploi ces derniers mois, combinée à une gestion serrée des dépenses.
Un peu de marge de manoeuvre, c’est du rare au Québec. Nous sommes plus habitués aux scénarios catastrophes et aux déficits pires que prévus. La tentation est donc forte d’agir comme des affamés qui pillent un buffet.
La CAQ lui suggérait d’abandonner tout remboursement de la dette pour baisser les impôts avec les excédents alors que des voix de tous les milieux réclamaient des nouvelles dépenses. Notez que les nouvelles dépenses portent un plus beau nom: réinvestissements.
L’électeur aime mieux le mot réinvestissements que dépenses. Mais pour le comptable ou l’économiste, ce sont des synonymes.
Le ministre des Finances a offert hier un exercice balancé. Tel qu’annoncé, il procède à certains «réinvestissements». Il maintient le cap en matière de remboursement de la dette. Et il devance des allègements d’impôt.
Cette approche équilibrée a l’avantage de poursuivre l’assainissement des finances du Québec tout en visant d’autres objectifs en même temps. La priorité à l’éducation par exemple devient réelle en y mettant des sommes.
LEITAO CRÉDIBLE
Cette approche a aussi l’avantage de maintenir la crédibilité du Québec auprès des agences de crédit. Je sais, vous détestez qu’on vous parle des agences de crédit. Ce qui est à la mode, c’est de dire que le gouvernement devrait se tenir debout devant cette détestable haute finance.
Le problème, c’est qu’elles décident largement du taux d’intérêt que nous payons sur nos emprunts. Et avec 280 milliards de dette… un quart de point coûte cher! Elles jugent notre gouvernement sur sa capacité à tenir parole. Le gouvernement Couillard a un parcours sans faute en la matière. Deux agences ont d’ailleurs rehaussé la cote du Québec en cours d’année.
Après avoir pris acte de la colère des citoyens face aux patates en poudre et aux changements de couches peutêtre trop espacés dans les CHSLD, les libéraux ont voulu montrer aussi leur volonté de rehausser certains services. Même constat en éducation.
Une mise en garde au ministre des Finances. Il doit s’assurer que ses collègues font leur devoir pour aiguiller les nouveaux fonds vers les problèmes que le gouvernement souhaite régler. Nos vastes réseaux peuvent engloutir bien des millions sans que les services à la population ne soient rehaussés.
Les fonds sont réclamés au nom de la clientèle… mais rien ne garantit les résultats.