Influent mais pas coupable, dit la défense
Le jury bientôt en délibéré au procès Corriveau
Un acteur dans le scandale des commandites, il était bel et bien influent, il était proche de Jean Chrétien et de sa femme, mais rien ne prouve qu’il en aurait profité, a plaidé la défense hier.
«Que les gens pensent qu’ils vont obtenir des faveurs n’est pas suffisant pour prouver l’infraction [de trafic d’influence]», a plaidé Me Gérald Soulière au jury.
L’avocat, qui représente Jacques Corriveau, ne croit donc pas que son client devrait être déclaré coupable de trafic d’influence, de fabrication de faux documents et de blanchiment d’argent.
Selon la théorie de la Couronne, l’accusé de 83ans aurait profité de son influence pour octroyer des commandites en échange d’une commission de 17,5%. De 1997 à 2003, Corriveau aurait ainsi empoché plus de 7 millions de dollars.
Le programme des commandites avait été créé à la suite du référendum de 1995. Le gouvernement fédéral avait débloqué un budget afin de faire de la promotion lors d’événements culturels, sociaux ou sportifs.
CONTACTS
Lors de ses plaidoiries, Me Soulière n’a pas nié que Corriveau était proche du Parti libéral du Canada, et plus particulièrement de Jean Chrétien et de sa femme Aline.
«[Corriveau] a du flair, a concédé l’avocat. Il a appuyé la bonne personne au bon moment. Ça l’a mis en contact avec tout le monde chez les libéraux.»
Lors de ses plaidoiries, la Couronne a expliqué que l’accusé pouvait souper et dormir au 24 Sussex (la résidence officielle du premier ministre). Corriveau tutoyait la femme de Jean Chrétien et il avait même embauché le fils de ce dernier dans sa compagnie.
PREUVE LIMITÉE
Mais il n’y a pas de «preuve directe» de l’utilisation illégale de cette influence, croit l’avocat.
Et l’affirmation d’un témoin que «sans Corriveau, il n’aurait jamais eu de commandites» ne prouve rien, a plaidé Me Soulière, qui qualifie cette déclaration «d’opinion».
«C’est tentant, mais dangereux, de tirer cette conclusion», a plaidé l’avocat, tout en s’attaquant à la crédibilité des témoins de la Couronne.
Lors de ses plaidoiries lundi, la Couronne avait pour sa part assuré le jury de la crédibilité des témoins.
Notons que la défense n’a pas présenté de preuve lors du procès et Corriveau lui-même n’a pas témoigné.
Au tout début des audiences devant jury, le mois passé, le juge a d’ailleurs rappelé au jury que c’est la Couronne qui doit prouver «hors de tout doute raisonnable» la culpabilité de Corriveau.
Avec la fin des plaidoiries tant de la Couronne que de la défense, le procès de Corriveau touche à sa fin.
Demain matin, le juge Jean-François Buffoni devrait livrer ses directives aux jurés, qui seront ensuite envoyés en délibération jusqu’à ce qu’ils en arrivent à une décision unanime.