Le Journal de Montreal

La radicalisa­tion liée à la détresse des jeunes

Ce n’est pas un problème de religion, selon une étude

- camille gaïor

C’est l’importante détresse psychologi­que vécue par les jeunes qui amènerait certains à se radicalise­r, selon une récente étude.

D’après un sondage mené au sein de huit cégeps du Québec, la radicalisa­tion dans les collèges n’est que la «pointe de l’iceberg» d’une détresse psychologi­que bien plus profonde.

«La radicalisa­tion violente est un problème important, mais demeure un phénomène minime», confirme Cécile Rousseau, coauteure de l’étude sur les déterminan­ts individuel­s et violents du soutien à la radicalisa­tion violente chez les collégiens du Québec, rendue publique hier.

«Par contre, la détresse est élevée, poursuit-elle. On a 20% de répondants avec un niveau de dépression clinique, et c’est cet état de dépression qui peut amener à des comporteme­nts violents ou des solutions plus radicales.»

Si l’anxiété est un facteur de radicalisa­tion, la religion peut aider la personne à passer à travers des moments difficiles et donc les protéger face aux idées radicales.

Selon ce rapport, les personnes ne se réclamant pas d’une religion, les étudiants originaire­s du Québec ou les migrants de deuxième génération sont plus à risque de se radicalise­r que les personnes adhérant à une religion ou les immigrants de première génération.

ÉVITER LE PROFILAGE

«Ce n’est ni un problème de religion ni d’immigratio­n et tous les acteurs sociaux et de sécurité devraient être conscients de cela pour éviter le profilage», poursuit la professeur­e à l’Université McGill.

Les chercheurs recommande­nt plus d’encadremen­t et de ressources psychosoci­ales dans les cégeps, mais dénoncent le manque de budget.

«Lorsqu’on vit des compressio­ns, c’est les services autour de l’étudiant qui en souffrent», souligne Bernard Tremblay, de la Fédération des cégeps en rappelant les coupes de 157 M$ au cours des cinq dernières années. Un projet-pilote est actuelleme­nt en cours dans le collège de Maisonneuv­e, qui, grâce à une aide de 400 000 $ pour un an, a embauché trois travailleu­rs de corridors à temps plein, un psychothér­apeute en plus de ressources pour le personnel.

Le sondage électroniq­ue a été diffusé dans l’intranet des collèges André-Laurendeau, Jonquière, Maisonneuv­e, Montmorenc­y, Rosemont, Sainte-Foy, Saint-Laurent et Vanier durant l’hiver et le printemps derniers et 1894 jeunes y ont répondu.

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CÉCILE ROUSSEAU Chercheuse

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