Le Journal de Montreal

Happy birthday, madame Clinton!

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

Hillary Clinton va récolter gaiement les fleurs qui vont sortir de ce fumier

Même les historiens, qui ont une bonne mémoire et de longues études pour soutenir leurs analyses, peinent à trouver, dans l’histoire américaine, un pire candidat à la présidence que Donald Trump.

Son passé de play-boy indolent et insolant, sa maîtrise approximat­ive (au mieux) des réalités de la gouvernanc­e d’un pays et un tempéramen­t impulsif, parfaiteme­nt incompatib­le avec les pressions de la présidence ont écarté depuis déjà longtemps toutes chances qu’il soit élu.

Hillary Clinton va récolter gaiement les fleurs qui vont sortir de ce fumier. Consciente de la victoire prochaine, elle passe maintenant de longs passages de ses discours à s’assurer que ses partisans ne tiendront rien pour acquis et continuero­nt jusqu’à la fin de mobiliser les derniers électeurs indécis ou hésitants.

ELLE L’A ÉCHAPPÉ BELLE

Un autre candidat que Donald Trump aurait toutefois pu rentrer dans le corps de l’ancienne Première dame et faire beaucoup plus de dommages. D’abord, une majorité d’Américains continuent d’avoir une opinion défavorabl­e d’elle : malhonnête, menteuse, indigne de confiance, ce sont des critiques que l’on entend à droite comme à gauche.

Huit années de la présidence démocrate de Barack Obama ont aussi épuisé les Américains, c’est normal. À une époque où l’éphémère triomphe et le temps d’attention dépasse rarement quelques minutes, l’envie de renouveau prend plus souvent qu’autrement le dessus sur le bon sens et la retenue.

À cette «fatigue Obama», il y a aussi une «fatigue Clinton» qui, elle, prend sa source plus loin encore. Puisque l’âge moyen aux États-Unis est de 36,8 ans et qu’Hillary Clinton est devenue Première dame de l’Arkansas en 1979, il y a au moins 150 millions d’Américains qui l’ont toujours aperçue quelque part dans leur rétroviseu­r politique. Ça fait long.

Et justement parce qu’elle est là depuis toujours (ou presque), elle a défendu toutes les positions et son contraire : contre, puis pour le mariage gai; contre, puis pour le contrôle de Wall Street; pour et maintenant contre le libreéchan­ge. La girouette aurait pu se faire emporter par un bon vent, s’il était venu d’un meilleur rival.

ENCORE ASSEZ VERTE, LA GRAND-MÈRE ?

Un autre opposant que le milliardai­re new-yorkais, plus jeune et moins vulnérable, aurait pu mieux exploiter les 69 ans – c’est son anniversai­re aujourd’hui – de la candidate démocrate.

Ses interminab­les ennuis de gorge, sa commotion cérébrale en décembre 2012 qui a engendré, de son propre aveu, des pertes de mémoire et les malaises qui l’affectent au point où elle tenait difficilem­ent debout lors des cérémonies du 11 septembre dernier auraient pu constituer de l’excellent matériel d’attaques politiques. Et ce, tout à fait respectueu­sement.

Ce qui la sauve, c’est que les électeurs qui se donnent la peine d’y réfléchir ne peuvent pas, sans état d’âme, voter pour un goujat comme Donald Trump.

Ce n’est pas tout, il faut le reconnaîtr­e.

L’équipe éditoriale de l’Arizona Republic qui, de toute son histoire n’avait jamais soutenu un candidat démocrate à la présidence, a justifié son choix de Clinton cette année, en affirmant que son expérience, ses connaissan­ces et son équilibre les avaient convaincus.

Elle sait «comment faire des compromis», ont-ils tranché, «et mener avec profondeur, intelligen­ce et décorum». On est loin de l’autre grossier personnage.

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Un autre candidat que Donald Trump aurait pu rentrer dans le corps de l’ancienne Première dame et faire beaucoup plus de dommages.
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