De l’autre côté du micro
Filion et Abel étudient à l’École de radio et télévision Promédia
Les plongeuses québécoises Roseline Filion et Jennifer Abel ont déjà commencé à planifier leur après-carrière. Depuis plus d’un mois, les olympiennes s’élancent d’un tremplin qui pourrait leur permettre d’entrer dans un monde qu’elles connaissent relativement bien: celui des médias.
Les deux membres du célèbre FAB IV ont effectivement l’habitude des entrevues et des caméras. Mais pour passer de l’autre côté du micro, elles ont choisi de s’asseoir sur les bancs de l’École de radio et télévision Promédia, à Montréal.
«Après les Jeux de Rio, je voulais retourner à l’école, raconte Abel dans les locaux de son école, situés rue saintecatherine. Roseline et moi, nous avions souvent parlé d’étudier ensemble à Promédia.»
«J’avais fait l’erreur, en 2012, de m’embarquer dans une session à temps plein à l’Université de Montréal, explique pour sa part Filion. Cette année, je ne me suis inscrite qu’à un seul cours et je cherchais à bonifier ma formation avec quelque chose de complémentaire. Je voulais passer de la théorie à la pratique.»
AUDITIONS
Pour être acceptées à Promédia, les filles ont dû se soumettre à un rigoureux processus d’audition, qui comprenait, entre autres, un test de diction et de connaissances générales.
Et tout ça à quelques jours de leur départ pour le Brésil.
«C’était très difficile, reconnaît Abel sans détour. Je n’étais pas allée à l’école depuis la fin de mon secondaire. J’avais une base de connaissances par mon sport et l’émission Le Grand Saut, à laquelle j’avais collaboré il y a quelques années.»
Au terme de son audition, Abel s’était attribué une note de… -5/10!
«Quand j’ai su que j’étais prise, j’ai tout de suite appelé Roseline et je lui ai dit: “Ils ne savent pas dans quoi ils se sont embarqués!”» poursuit à la blague la Montréalaise de 25 ans.
Pour sa part, Filion angoissait à l’idée de ne pas être à la bonne place.
«J’avais peur de me faire dire que je devais réorienter ma carrière, dit la femme de 29 ans. À mon âge, ça n’aurait pas été facile de se faire dire ça.»
QU’EST-CE QUI EST LE PLUS FACILE ?
La formation intensive de 20 semaines en radio et télévision comprend l’animation, la narration, la lecture et la rédaction de nouvelles, le reportage et la liste continue.
À la fois en terrain connu et inconnu, les deux inséparables ne parviennent pas à s’entendre: est-il plus facile d’être le locuteur ou l’interlocuteur?
«Je trouve ça facile de se faire interviewer, alors que l’inverse n’est pas aussi vrai», souligne Filion, qui a décroché le bronze au 10 m synchro à Rio.
Quant à Abel, qui a obtenu deux quatrièmes places aux Jeux, elle trouve ça plus facile de tenir le micro.
«Tu sais quelles questions doivent être posées, dit-elle. On connaît la base d’une entrevue et où on doit aller. On sait d’avance qu’on doit être bien préparés.»
SE LANCER DANS L’INCONNU
Côté adrénaline, il est difficile de trouver plus intense qu’un plongeon en finale olympique.
Fières compétitrices dans l’âme, les deux sportives tenaient absolument à sortir de leur zone de confort et à se lancer dans l’inconnu. Et qui de mieux placé qu’une plongeuse pour reconnaître que les éclaboussures font partie du métier?
«Lors de ma première simulation radio, je me suis vraiment plantée, souligne Abel. J’étais trop rivée sur mes cartons et la lecture plutôt que de me laisser aller. C’est la compétition de vouloir bien faire. Je veux toujours que mon équipe performe.»
De nature stressée, Filion doit apprendre, selon elle, à laisser une plus grande place à l’improvisation quand elle est à l’animation.
«Je suis quelqu’un de très structuré, ditelle fièrement. J’aime être préparée. Si mon invité me parle de quelque chose d’intéressant que je n’avais pas prévu, je dois être capable de le suivre sur cette voie.»