« La page est tournée pour de bon »
Le vétéran Jacques Villeneuve a vendu son équipement de motoneige
Cette fois est la bonne: la carrière de Jacques Villeneuve est bel et bien terminée.
Le vétéran pilote de course, qui célébrera ses 63 ans le 4 novembre, a confirmé au Journal de Montréal qu’il avait vendu le mois dernier une bonne partie de son équipement, dont sa motoneige et la remorque qui lui servait d’atelier sur les sites de compétition.
Le nouveau propriétaire est un collectionneur de l’État du Wisconsin, Brad Warning, admirateur de longue date et bailleur de fonds du frère de Gilles.
«J’ai eu un pincement au coeur quand j’ai vu le matériel partir de la maison, a indiqué Villeneuve en entrevue. La motoneige, c’est ma vie. Mais cette fois, la page est tournée pour de bon.»
UN ACCIDENT DE TROP
La carrière de Villeneuve, échelonnée sur une quarantaine d’années en motoneige, a été marquée par des victoires mémorables, mais aussi des accidents terrifiants.
Si plusieurs embardées lui ont lancé un signal d’alarme, il hésitait toujours à ranger son casque.
«C’était plus fort que moi. Je me faisais mal, mais j’étais toujours prêt à recommencer.»
À Valcourt, en février dernier, une sortie de piste, une de trop, survenue le dimanche matin avant la finale, lui a fait réaliser qu’il était temps de prendre sa retraite, la vraie, sans possibilité d’appel.
«Ça commençait à aller vite et à devenir trop risqué, avoue-t-il. J’étais de moins en moins en forme. Oui, la maudite vieillesse...
«Subir des fractures [il ne les compte plus], ce n’est pas grave, mais le danger de perdre une jambe ou un bras m’effrayait de plus en plus. Je ne voulais pas hypothéquer le reste de ma vie.
«J’ai pris beaucoup de temps à réaliser que je devais abandonner pour mon bienêtre et celui de mon épouse Céline.»
MENTOR POUR UN JEUNE ESPOIR
La bonne nouvelle pour les amateurs, c’est que Villeneuve, véritable ambassadeur de la spécialité, continuera à se déplacer sur les sites de compétition l’hiver prochain puisqu’il s’est associé au jeune espoir de 19 ans Steven Marquis, dont il devient le mentor.
«C’est un pilote talentueux que j’aurai l’occasion de conseiller aux courses en 2017. J’ai une expertise à lui transmettre. Je vais aussi l’aider sur le plan mécanique.
«Je l’ai affronté l’an dernier dans la grosse catégorie [Pro Champ] et il a démontré un beau potentiel.»
Villeneuve s’est procuré un nouveau véhicule motorisé qui lui permettra de se balader d’un circuit à l’autre.
Le résident de Saint-Cuthbert met donc un terme à un parcours qui aurait pu lui permettre de toucher à la F1 comme son illustre frère.
Il a été toutefois limité à trois présences dans la discipline-reine de la course automobile, dont la dernière au Grand Prix du Canada en 1983, sans parvenir toutefois à chaque fois à se tailler une place sur la grille de départ.
«Je n’avais pas les voitures pour me battre avec les meilleures du plateau, dit-il. Les écarts de performance entre les écuries ne datent pas d’hier en F1.»
L’APPEL BOUDÉ D’ALFA ROMEO
Une offre d’Alfa Romeo (orchestrée par son frère) pour courir en F3 aurait pu tracer la voie vers la F1 au début des années 1980.
«Je n’étais pas prêt à m’expatrier en Europe, relate-t-il, et à faire ce que Gilles a réalisé. C’était mon choix et je ne le regrette pas encore aujourd’hui. Je voulais courir en Amérique et pas ailleurs.» Diagnostiqué d’un lymphome près de la rate au printemps 2014, Villeneuve prend du mieux et surprend même son oncologue qui lui a annoncé, il y a quelques mois, que les traitements avaient empêché toute progression de la masse cancéreuse.