Le Journal de Montreal

364 $ pour une boîte sur le trottoir

Elle a écopé de cette contravent­ion salée même si le carton a été retrouvé à 7 km de chez elle

- VALÉRIE GONTHIER valerie.gonthier @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8040

Une dame de LaSalle est indignée d’avoir reçu une contravent­ion de près de 400 $ parce qu’on l’accuse d’avoir déposé au chemin, à des kilomètres de chez elle, une boîte d’un micro-ondes trop tôt avant la cueillette des ordures.

Gordana Huselja pensait bien faire en achetant des électromén­agers à son fils et sa bellefille, qui emménageai­ent ensemble à l’été 2015.

Mais peu après, elle a reçu un constat d’infraction pour avoir laissé sur un trottoir la boîte d’un four micro-ondes, plus de 24heures avant la cueillette.

Et la semaine dernière, elle a reçu un jugement la condamnant à payer une contravent­ion de 364$. Le hic? La matière résiduelle retrouvée par l’inspecteur de la Ville le 16août 2015 à 6h25, se trouvait à 1,2km du logement de son fils et à 7km de chez elle. Sur le carton figurait une étiquette de livraison avec son nom, son adresse et son numéro de téléphone personnel.

« PAS LOGIQUE »

«Nous n’avons pas jeté cette boîte là-bas, ce n’est pas logique. J’habite à LaSalle depuis 15 ans. Je n’ai pas besoin d’aller à Verdun pour jeter mes ordures», s’est indignée Mme Huselja.

Son fils croit se souvenir d’avoir jeté la boîte dans le recyclage lors du déménageme­nt. Selon lui, quelqu’un pourrait l’avoir ramassée. Chose certaine, il assure ne pas avoir conduit 1,2km pour s’en débarrasse­r sur un trottoir.

Mme Huselja s’est présentée en Cour municipale le mois dernier afin de contester cette contravent­ion salée. La procureure de la Ville lui a exhibé des photos de la boîte retrouvée sur l’avenue Verdun, ainsi que l’étiquette sur laquelle figuraient ses coordonnée­s.

«Vous avez vu la preuve? Ça [la boîte] ne peut pas s’être rendu là par l’esprit du Saint-Esprit! Il y a un sac de vidanges, on l’ouvre, ce sont vos choses avec votre adresse qui sont là», lui a lancé le juge Gilles Chaloux le 20 octobre dernier, selon un enregistre­ment de l’audience.

La dame, qui se représenta­it seule, a répété au magistrat qu’elle n’était pas responsabl­e, ajoutant que le jour de l’infraction, elle travaillai­t à sa pâtisserie près de chez elle. Propriétai­re du commerce, elle n’a aucun employé. Son mari et elle travaillen­t plus de 12 heures par jour.

PREUVE « SOLIDE »

«Ce qui me fatigue, c’est que c’est bien votre nom, vous reconnaiss­ez avoir vu ce colis-là. Comment ça se fait que ce colis se soit ramassé à Verdun?» a-t-il ajouté. «Je me pose la même question», avait insisté Mme Huselja.

Le juge Chaloux l’a malgré tout reconnue coupable, expliquant que la preuve de la poursuite était «solide». «Elle n’offre aucune explicatio­n pourquoi la preuve [la boîte] s’est retrouvée à Verdun. Ça ne fait aucun doute, elle est retrouvée coupable», a dit le juge.

«On dirait que pour eux, j’étais déjà coupable, ne sachant pas pourquoi la boîte s’est retrouvée là, a-t-elle dit. La morale de l’histoire, c’est qu’il faut enlever les étiquettes avec nos coordonnée­s avant de jeter les boîtes de colis.»

 ??  ?? Gordana Huselja, de LaSalle, a écopé d'une amende de 364 $ parce qu'on l'accuse d'avoir laissé une boîte de carton (en mortaise) contenant ses coordonnée­s à 7 km de chez elle.
Gordana Huselja, de LaSalle, a écopé d'une amende de 364 $ parce qu'on l'accuse d'avoir laissé une boîte de carton (en mortaise) contenant ses coordonnée­s à 7 km de chez elle.

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