Le Journal de Montreal

Après la gueule de bois

C’est quand la médecine traditionn­elle ne peut plus rien et que vous voyez approcher la mort avec angoisse que le charlatan se pointe et propose de vous «aider».

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Il profite de votre désespoir… mais pense d’abord à lui.

C’est quand vous êtes seul, désorienté, à la recherche d’une écoute que le gourou vous invite à joindre sa secte et vous fait miroiter un monde meilleur.

Il profite de votre désarroi… mais pense d’abord à lui.

FRUSTRÉS

Quand des gens veulent du changement à tout prix, ils finissent par se foutre de qui est l’agent du changement et de l’endroit où il veut les amener.

Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on. Cela vaut aussi pour les cerveaux.

Je comprends et, jusqu’à un certain point, je partage la colère de tous ces Américains frustrés par une immigratio­n incontrôlé­e, une mondialisa­tion incontrôlé­e, un terrorisme islamiste incontrôlé.

Mais que ces Américains n’espèrent pas trouver des solutions à cela dans l’absurde ramassis de clichés et de niaiseries qui tenait lieu de programme à Donald Trump.

Plutôt que de proposer des solutions, il a passé plus d’un an à blâmer X, Y et Z, à cracher sur tous, à insulter tout le monde, à dénigrer toutes les institutio­ns, à mentir comme un arracheur de dents et à twitter comme un adolescent.

Applaudiss­ant son succès, on trouve aujourd’hui, juste à côté de ces millions d’électeurs frustrés, Vladimir Poutine et David Duke, ex-chef du Ku Klux Klan, qui rigolent…

Je vais vous dire maintenant quelle est la plus immense et cruelle ironie de cette élection.

Trump doit sa victoire au fait que des millions de gens considèren­t les politicien­s profession­nels comme des menteurs compulsifs, n’est-ce pas?

Eh bien, maintenant, il nous faut espérer que Trump mentait.

Il nous faut espérer qu’il ne croyait pas une seconde au tissu d’insanités qu’il mettait de l’avant. Après le défoulemen­t, il faut en effet gouverner.

Or, s’il s’avérait un instant qu’il croyait réellement ce qu’il disait, alors on vient de confier les clés de la Maison-Blanche à un homme qui dit vouloir museler la presse, emprisonne­r certains opposants, déchirer les traités de libre-échange, déclarer une guerre commercial­e à la Chine, déporter des millions d’immigrants et «taponner» les femmes parce que, voyezvous, quand vous êtes une vedette, vous pouvez, a-t-il dit, faire ce que vous voulez.

Ah, j’oubliais, où avais-je la tête? Il veut aussi baisser les impôts de ses riches amis.

Il n’a pas besoin de baisser les siens puisqu’il n’en payait pas.

Il veut également priver de couverture médicale les 20 millions d’Américains qui n’ont que le modeste Obamacare.

TEMPÉRAMEN­T

Au-delà des orientatio­ns, il faut aussi, pour gouverner, faire preuve d’un certain nombre de qualités dont on n’a pas vu jusqu’ici l’ombre du début.

On a plutôt vu exactement le contraire.

Il faut construire au lieu de détruire. Il faut unir au lieu de diviser.

Il faut convaincre au lieu d’intimider. Il faut raisonner au lieu de gueuler.

Attachez vos tuques.

Il nous faut espérer qu’il ne croyait pas une seconde au tissu d’insanités qu’il mettait de l’avant

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