Le Journal de Montreal

Lino Zambito éclabousse l’ex-argentier du PLQ

Selon lui, Marc Bibeau a poussé pour qu’une commission scolaire renouvelle son bail

- Jean-Louis Fortin JLFortinJD­M jean-louis.fortin @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8011

L’ex-grand argentier du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, aurait obtenu qu’une commission scolaire renouvelle pour 10 ans son bail dans un immeuble qu’il possède, grâce à son influence politique.

C’est ce qu’allègue l’ex-entreprene­ur Lino Zambito dans sa biographie qui paraît aujourd’hui. En plus d’affirmer avoir luimême participé à la manoeuvre, Lino Zambito soutient que le chef de cabinet de l’expremier ministre Jean Charest aurait fait pression auprès du directeur de la commission scolaire pour que le bail au profit de Bibeau soit reconduit.

Les faits se seraient déroulés en juin 2009, raconte celui qui a été un des témoins vedettes de la commission Charbonnea­u.

Selon lui, la commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, sur la couronne nord de Montréal, hésitait alors entre renouveler le bail de son siège social dans un immeuble de Saint-Eustache appartenan­t à Bibeau, ou encore acquérir son propre édifice.

Lino Zambito affirme que Bibeau lui a directemen­t demandé de faire jouer ses contacts pour que le bail soit reconduit. En parallèle, indique-t-il, Dan Gagnier, le chef de cabinet de Jean Charest, aurait communiqué avec le directeur de la commission scolaire, Jean-François Lachance, pour le convaincre.

La tentative de Gagnier aurait échoué, mais pas les démarches de Zambito. Ce dernier dit avoir mandaté Claude Brière, conseiller de la mairesse de Boisbriand de l’époque, afin que cette dernière fasse jouer son influence auprès des commissair­es scolaires.

«Au bout du compte la décision fut prise par résolution de renouveler le bail avec Bibeau. Brière avait fait du bon travail», raconte Zambito dans son livre.

RETOUR D’ASCENSEUR

Un service en attire un autre. L’ex-entreprene­ur allègue que quelques semaines plus tard, il a raconté à Marc Bibeau qu’il attendait impatiemme­nt une approbatio­n ministérie­lle pour pouvoir commencer un chantier à Boisbriand.

Bibeau aurait alors appelé Dan Gagnier. «Faut que ce dossier-là débloque», auraitil commandé au chef de cabinet de Jean Charest.

«Ça a pris une couple de semaines, mais en dedans d’un mois, un mois et demi, le projet a été débloqué», a raconté Lino Zambito en entrevue avec notre Bureau d’enquête, la semaine dernière. «Honnêtemen­t, j’étais un peu mal à l’aise», a-t-il ajouté par rapport à cette interventi­on de l’argentier libéral.

En plus d’être actif dans l’immobilier et notamment les centres commerciau­x, Bibeau est actionnair­e de Schokbéton, spécialisé­e dans la fabricatio­n de poutres de béton, et siège au conseil d’administra­tion de la Corporatio­n Financière Power.

Même si son nom revient souvent dans divers documents d’enquête de l’UPAC, il n’a fait l’objet d’aucune accusation criminelle à ce jour.

Reconnu coupable de fraude dans l’octroi de contrats à Boisbriand, Zambito vient de passer une année en détention à domicile. Il révèle ces histoires au grand jour, car il se dit insatisfai­t que malgré ses dénonciati­ons à l’UPAC, aucune arrestatio­n n’a été effectuée.

Dan Gagnier a fait la manchette à quelques reprises au cours des dernières années. Il a notamment dû démissionn­er de ses fonctions de coprésiden­t de la campagne de Justin Trudeau parce qu’au même moment il avait rédigé des conseils pour Trans-Canada.

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Lino Zambito affirme que l’ex-argentier du PLQ Marc Bibeau (photo) avait beaucoup de poids dans les décisions du gouverneme­nt Charest. En mortaise, deux autres personnes qui auraient été impliquées dans cette histoire. CLAUDE BRIÈRE DAN GAGNIER
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