LA CLASSE POLITIQUE QUÉBÉCOISE PRÉOCCUPÉE
LEGAULT S’EN PREND AUX ÉLITES
QUÉBEC | La classe politique québécoise accueille l’élection coup-de-poing de Donald Trump à la présidence des États-Unis avec inquiétude. Si les élus du Québec respectent le choix des Américains, les prises de position protectionnistes du nouveau locataire de la Maison-Blanche sont une réelle source de préoccupation.
PÉRIODE D’INSTABILITÉ ÉCONOMIQUE
Philippe Couillard a prédit mardi une période «d’incertitude et d’instabilité» économique au lendemain de l’élection de Donald Trump. Le premier ministre québécois, qui s’était commis pour la candidate démocrate Hillary Clinton, a tout de même tenu à féliciter le nouveau président américain. «On va bien sûr tout faire pour continuer les relations qu’on a avec les États-Unis.» Selon lui, on a assisté mardi soir à un «vote de protestation» de la part des Américains que les démocraties ne peuvent ignorer.
OBAMACARE
Le ministre Gaétan Barrette prédit «une tension sociale» aux États-Unis dans les prochains jours. Loin d’être surpris du résultat du scrutin, il s’inquiète grandement de l’impact de l’élection de Donald Trump sur le système de santé américain. Le Dr Barrette rappelle que le candidat républicain a promis de mettre la hache dans le programme d’assurance maladie public de Barack Obama. «Si M. Trump fait ce qu’il a annoncé, il y a des millions d’Américains qui n’auront pas de couverture», déplore-t-il.
« UN RECUL D’UNE OU DEUX DÉCENNIES »
Le chef péquiste, Jean-François Lisée, craint l’élection de Donald Trump et estime qu’il est un danger pour la planète en raison de ses positions environnementales. Pour le monde, M. Trump «fait partie de ceux qui croient que ça n’existe pas et que le gouvernement américain ne devrait pas investir pour empêcher l’augmentation des gaz à effet de serre, et c’est donc un recul majeur d’une ou deux décennies», a-t-il lancé. Le Québec doit par ailleurs s’attendre à des négociations extrêmement difficiles sur le bois d’oeuvre.
MELANIA TRUMP À LA RESCOUSSE
La ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, compte sur Melania Trump pour sensibiliser son mari à l’égalité des sexes. «J’espère que sa femme aura un impact positif sur lui pour la suite des choses, pour la place des femmes», a-t-elle réagi mardi à l’élection américaine. La ministre Thériault a rappelé que le nouveau président américain a eu des propos «très sexistes» au cours des derniers mois, des propos «qu’on ne souhaite pas entendre dans notre société». Selon elle, le fait que Hillary Clinton soit une femme n’a pas réduit ses chances de victoire.
QUÉBEC MISE SUR LE CONGRÈS AMÉRICAIN
Les ministres à vocation économique du gouvernement Couillard souhaitent que le Congrès américain parvienne à restreindre les ardeurs protectionnistes de Donald Trump. «Certains engagements pris par M. Trump sont inquiétants [...] Le président n’a pas un pouvoir illimité. Quand on parle d’accords commerciaux, il faut que ça passe par le Congrès», a déclaré le ministre des Finances Carlos Leitao. Donald Trump a promis notamment de revoir les accords commerciaux signés par les États-Unis. «On espère un recentrage», a dit la ministre de l’Économie Dominique Anglade. Au lendemain de la victoire de Donald Trump, François Legault met en garde les élites péquistes, libérales et médiatiques qui regardent de haut les aspirations du peuple. «Il y a une certaine élite au Québec qui doit se remettre en question aujourd’hui. Si on ne réussit pas à canaliser les préoccupations des Québécois, si on n’arrive pas à encadrer, par exemple, l’intégration des immigrants, il y aurait un risque de dérapage. Donc, il faut l’éviter, ce dérapage, puis, pour éviter ce dérapage, il faut être bien branché avec la population», a résumé le chef caquiste.