Le Journal de Montreal

Une réaction provincial­e...

- MICHEL HÉBERT e∫ Blogueur au Journal michel.hebert @quebecorme­dia.com @hebert_mic

Les soirées électorale­s télévisées au Québec mardi soir avaient débuté sur le ton enjoué habituel, les experts, réels et autoprocla­més, anticipaie­nt le plaisir d’expliquer en détail la victoire d’Hillary Clinton.

On devait nous expliquer le Wisconsin, le ressentime­nt des Latinos et la prime à l’urne payée par les partisans du gros bon sens de l’Arkansas.

En début de soirée, des indicateur­s raffinés chiffraien­t à 86% les chances de Mme Clinton de l’emporter. L’entrain était manifeste sur tous les plateaux, ici comme aux É.-U.

TRUMP, BREXIT

Mais, au fil des heures, les mots manquèrent à ceux qui devaient nous faire comprendre ce qui se passait.

La victoire de Donald Trump reste un mystère pour plusieurs. On parle d’une «tendance mondiale au populisme» qui s’est affirmée une première fois avec le Brexit en Grande-Bretagne. Un ras-lebol généralisé envers la mondialisa­tion, la délocalisa­tion des emplois et une vague détresse identitair­e.

L’explicatio­n la plus simple, sinon la plus simpliste, veut que Mme Clinton ait perdu parce qu’elle est une femme. On disait aussi que les Américains n’éliraient jamais un Noir, mais Obama a été élu deux fois.

ESTABLISHM­ENT

On oublie qu’avec Clinton ou Sanders, les démocrates prenaient un risque: un troisième mandat démocrate d’affilée contrariai­t la tradition américaine.

La victoire de Trump, c’est bien plus la débandade du statu quo, l’impossibil­ité de la clique washington­ienne d’imposer son choix. C’est aussi le rugissemen­t d’une importante faction de la majorité silencieus­e, méprisée la plupart du temps par l’élite politico-médiatique.

Au jour du vote, les journaux à grand tirage pressaient, sans gêne aucune, leurs lecteurs à voter pour Hillary Clinton. Peut-être que certains jugèrent alors qu’il fallait désobéir...

De chez nous, le choix des Américains semble stupide. La plupart des élus locaux n’ont d’ailleurs pas applaudi, au contraire. Cela ne surprend guère. On peut dire n’importe quoi quand on est en marge du monde. C’est sans risque.

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Chef du Bureau parlementa­ire

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