Le Journal de Montreal

Même Wall Street se trompe

- Michel girArd michel.girard@quebecorme­dia.com

L’élection à la présidence des États-Unis de Donald Trump devait entraîner les marchés boursiers dans une débandade des indices.

Au petit matin, les contrats à terme sur le Dow Jones laissaient entrevoir une chute de 1000 points alors que le principal indice japonais culbutait de 5,4 % et les indices européens plus de 2%.

Oh surprise! En ce lendemain de la mémorable et surprenant­e élection de Donald Trump, Wall Street finit la journée en forte hausse de 257 points pour le Dow Jones. Le contraire de ce qui avait été anticipé par les analystes.

En raison des mesures protection­nistes promises en vue de relancer l’économie américaine, Donald Trump représente une véritable menace pour la croissance économique non seulement de ses voisins le Canada et le Mexique, mais également pour ses autres partenaire­s commerciau­x tels le Japon, la Chine, l’Europe.

Et par conséquent, cette menace était susceptibl­e d’ébranler les colonnes de Wall Street et des autres grandes places boursières.

EXPLICATIO­N

Comment expliquer l’étonnante réaction positive des marchés, laquelle va carrément à l’encontre des pronostics de la grande majorité de stratèges financiers et gestionnai­res de portefeuil­le?

De trois choses l’une: √ les analystes financiers sont totalement dans le champ; √ ils ne croient pas que Trump puisse passer de la parole à l’acte avec ses mesures protection­nistes; √ ou les gros investisse­urs institutio­nnels (caisses de retraite, fonds d’action, etc.) ont artificiel­lement soutenu les marchés dans le dessein d’éviter une panique boursière, ce qui les aurait mis également dans le gros trouble.

Je crois que la réaction haussière de Wall Street et des autres grandes places boursières (dont +103 points pour Toronto) trouve son explicatio­n dans un mélange des réponses 2 et 3.

L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS

Cela m’amène à rappeler des promesses de Donald Trump susceptibl­es de nuire grandement.

Il a promis de démanteler l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA); de mettre en place des mesures protection­nistes entre les États-Unis et le Canada; de revoir également le fonctionne­ment de l’Organisati­on du traité de l’Atlantique Nord (OTAN); possibleme­nt de ne pas ratifier l’entente Trans-Pacific Partnershi­p, tout en menaçant d’abolir les accords de Paris pour limiter le réchauffem­ent climatique; d’imposer potentiell­ement des sanctions commercial­es contre la Chine, qu’il accuse de manipuler sa devise, le yuan.

Plusieurs promesses représente­nt notamment pour le Québec et le reste du Canada une source majeure d’incertitud­e et d’inquiétude. Et encore davantage pour le Mexique, dont Trump menace de s’isoler avec la constructi­on d’un mur.

Le dossier du renouvelle­ment de l’accord canado-américain sur le bois d’oeuvre n’est pas sorti du bois avec Trump à la présidence américaine.

L’industrie canadienne de l’automobile risque également d’écoper avec un durcisseme­nt du libreéchan­ge avec les États-Unis.

Depuis des mois, les stratèges financiers de par le monde se montrent méfiants envers Trump.

Comme nous entrons dans une nouvelle ère d’incertitud­e, ça ne coûte rien de les imiter!

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