Le Journal de Montreal

Rester chez les beaux-parents… et rembourser ses dettes!

- MARTInE TUREnnE

Fraîchemen­t diplômé de Polytechni­que, Marc (prénom fictif), 24 ans, travaille comme ingénieur junior dans une entreprise de constructi­on. Il gagne 2620 $ net par mois, soit 40 000 $ brut. Il vit avec sa conjointe, chez ses beaux-parents, auxquels il verse une allocation de 240 $ par mois. Il dépense modestemen­t pour ses besoins personnels, et place 200 $ par mois dans un REÉR et autant dans un compte-épargne, dans le but de faire un voyage annuel avec sa conjointe.

Jusqu’ici, rien pour écrire à sa mère… ou à son conseiller financier. Les dépenses mensuelles de Marc sont modestes et sous contrôle. Sauf que… Marc a contracté deux dettes importante­s durant ses sept années d’études: un prêt étudiant de 20 000 $ et une marge de crédit pour étudiant de 30 000 $. Étant originaire de Roberval, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, il n’avait pas le choix de quitter le nid familial pour poursuivre ses études à Montréal.

«Il n’a pas fait le fou», dit Éric Lebel, associé-syndic et conseiller en redresseme­nt financier au cabinet Raymond Chabot.

Mais reste que cette dette importante a un impact dans son budget: il rembourse son solde de marge de crédit à raison de 1200 $ par mois. De plus, il prévoit commencer à rembourser son prêt étudiant à partir de la fin 2016, à raison de 120 $ par mois, sur un horizon de 15 ans.

LES BEAUX-PARENTS OU L’APPART?

Marc a des envies d’autonomie. Mais a-t-il les moyens de prendre un appartemen­t avec sa copine?

Sa marge de manoeuvre financière est très limitée, dit Éric Lebel. Pour l’instant, il dégage tous les mois un léger surplus de 120 $.

«Il doit rembourser sa marge de crédit pour étudiant au plus vite, qu’il reste chez ses beaux-parents ou qu’il emménage avec sa conjointe, dit Éric Lebel. C’est cette marge de 30 000 $ qui me fatigue le plus, sa dette étudiante, beaucoup moins.»

D’après les normes qui établissen­t le coût de la vie moyen selon le nombre de personnes composant l’unité familiale, un couple a besoin d’environ 2600 $ par mois pour vivre. Ainsi, Marc et sa conjointe devraient débourser chacun 1300 $. Il restera donc 1320 $ à Marc pour rembourser ses dettes, épargner pour son voyage et payer son REÉR, ce qui représente un «manque à gagner» de 440 $.

Doit-il, dans un premier temps, modérer ses transports sur son REÉR? Il est jeune, son employeur cotise déjà, est-ce nécessaire de mettre une telle somme? «Le REÉR reste très important, dit Éric Lebel, car non seulement il permet d’économiser tôt pour la retraite, mais il est très utile lorsque vient le temps d’acheter une maison, avec le RAP.»

Cependant, pour avoir un peu plus d’oxygène, poursuit le conseiller, Marc pourrait choisir de réduire ses remboursem­ents de marge de crédit à 700 $ par mois, ce qui étalerait le règlement de sa dette sur quatre ans au lieu de deux ans et demi. Pas la fin du monde. Marc profiterai­t ainsi d’un coussin mensuel d’environ 60 $, quitte à payer davantage d’intérêt. «C’est un choix très personnel. Si Marc est bien chez ses beauxparen­ts, c’est une bonne idée d’y rester jusqu’à ce qu’il liquide sa marge étudiante. Sinon, il doit s’attendre à se priver pendant quatre ans et avoir un rythme de vie plus restreint. Les deux options sont viables, tout dépend de lui», conclut Éric Lebel.

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