Le Journal de Montreal

De la pintade de pré pour remplacer la dinde

C’est joli, une pintade. Un oiseau presque royal avec sa robe à pois noirs et blancs sur laquelle contrasten­t agréableme­nt ses barbillons rouge vif. Élevée dans des conditions optimales, sa chair tendre dont le goût rappelle celui de la perdrix est drôlem

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Le propriétai­re de la ferme Plumes des champs est un des rares éleveurs québécois à leur permettre de vivre et de s’épanouir à l’air libre dans les immenses champs qui bordent sa maison de campagne en banlieue de Rigaud.

Depuis 10 ans, il élève ses oiseaux rares avec amour et respect, malgré tous les coûts et défis engendrés par ce type d’élevage, en espérant que les consommate­urs finiront par comprendre qu’il faut parfois accepter de payer un peu plus cher pour être certain de manger de la bonne viande.

Parce que l’alimentati­on, c’est la base de la santé. Nous sommes ce que nous mangeons. M. Gosselin l’a compris lorsque sa fille est née avec d’importants problèmes de santé. Il lui fallait une alimentati­on saine, la plus naturelle possible. Pour mieux prendre soin d’elle, il a quitté son emploi en foresterie, il y a 10 ans, et s’est mis à élever ses propres poulets pour nourrir sa famille. Au bout d’un moment, ils ont eu envie de varier le menu.

SAVEUR UNIQUE ET GRANDE QUALITÉ NUTRITIVE

Matthieu a acheté une première pintade au supermarch­é qu’ils ont trouvé délicieuse. La seconde l’était un peu moins. «Sa chair était molle, sans consistanc­e et ne goûtait rien», se rappelle-t-il. En cherchant à comprendre d’où venaient ces différence­s, il a découvert que les grands chefs de France n’achetaient que des pintades élevées en liberté. «C’est un oiseau qui supporte mal la captivité», a-t-il constaté.

Cela tombait bien, il y avait d’immenses champs inutilisés derrière chez lui et son propriétai­re acceptait de les lui louer. Pourquoi ne deviendrai­t-il pas éleveur de pintades? Il a débuté avec 900 qu’il a vendues à des restaurate­urs des environs et au marché public de Rigaud.

Le mot s’est passé rapidement. Cette année, il en a élevé 6000 qui ont abouti sur les tables de grands restaurant­s montréalai­s (dont le Toqué), dans les boucheries spécialisé­es ou dans le congélateu­r de clients qu’il rencontre dans les marchés publics.

Ses oiseaux vivent dans de grands enclos, se nourrissen­t d’herbe, d’insectes et de grain végétal concassé à forte teneur en protéine végétale. «C’est l’alimentati­on et l’exercice qui font toute la différence dans le goût», soutient Matthieu.

Mais ce type d’élevage comporte sa part de défis. Le prix du grain de qualité augmente chaque année et les frais d’abattage aussi. Il doit aussi lutter contre les prédateurs (coyotes et oiseaux de proie). Cet été, une tornade a arraché et détruit tous les filets protecteur­s qui recouvraie­nt ses enclos, laissant ses pintades à la merci des prédateurs ailés.

Dans de telles conditions, son coût de production pour une seule pintade augmente et s’élève maintenant à 20 $. À ce prix-là, il ne peut concurrenc­er avec un poulet industriel produit au coût de 3 $ et revendu à 12 $ en épicerie.

Pour économiser sans faire de compromis sur la qualité, il suggère de passer directemen­t par le producteur quitte à s’équiper d’un congélateu­r afin de faire des réserves pour l’hiver. Matthieu se fera toujours un plaisir de vous refiler ses recettes.

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