Que des fleurs pour son film L’arrivée
Les effets spéciaux du nouveau film de Denis Villeneuve ont été créés à Montréal
Louis Morin, le directeur des effets visuels de L’arrivée de Denis Villeneuve, a mis en images la vision du cinéaste. Il lève le voile sur la manière dont il a travaillé ainsi que sur certains des secrets de ce tournage…
«L’approche de Denis était la même que celle dans Les dents de la mer, il voulait qu’on commence par n’apercevoir à peine les extraterrestres et retarder le plus possible le moment où on les verrait, dit-il. Au début, il ne voulait que des taches.»
C’est que L’arrivée suit la linguiste Louise Banks (Amy Adams). Sa mission est d’entrer en communication avec les extraterrestres et d’instituer un dialogue oral et écrit, pour connaître leurs intentions.
De fait, les contacts entre Louise, le physicien Ian Donnelly (Jeremy Renner) et les «aliens» se font petit à petit. Les heptopodes vivent au milieu d’un nuage gazeux, entièrement créé par ordinateur, et c’est à travers cette substance laiteuse qu’ils se dévoilent peu à peu. «Cette fumée a été faite à un niveau de résolution extrêmement élevé et précis», détaille celui qui avait déjà travaillé avec Denis Villeneuve.
LA TEXTURE DES ALIENS
Les «aliens» de L’arrivée ne ressemblent en rien aux créatures maintes fois vues dans d’autres productions. Le directeur des effets spéciaux s’est inspiré «de la peau de baleine», tandis que leur corps ressemble à «de la peau d’éléphant».
«Nous sommes restés dans l’approche de Denis qui était de montrer un vaisseau spatial qui a voyagé des millénaires, des êtres presque éternels, le tout très usé. Le seul moment où l’on montre une vulnérabilité de l’extraterrestre est dans la paume de sa main. Là, on peut sentir un soupçon de tendresse quand l’extraterrestre établit un contact quasi humain», explique-t-il.
Cette manière de présenter ces êtres d’un autre monde et de traiter d’un sujet de science-fiction sort du cadre habituel. «Denis m’a dit qu’il voulait qu’on se sente comme un mardi après-midi nuageux au mois de février à Montréal», souligne-t-il.
LANGAGE ÉCRIT
Le langage écrit tient une grande place dans L’arrivée, les signes circulaires se déroulant en volutes de fumée noire ou bleu sombre. «J’ai collaboré à Mr. Nobody de Jaco Van Dormael et nous avions beaucoup travaillé avec de l’encre dans l’eau. J’ai beaucoup aimé les textures, le look organique, et c’est ce à quoi j’ai pensé pour trouver des volutes intéressantes pour les logogrammes, ces cercles de langage extraterrestre.»
INSPIRATION
2001: l’odyssée de l’espace, le chefd’oeuvre de Stanley Kubrick, demeure, 48 ans après sa sortie, une référence pour les professionnels du cinéma, et Louis Morin ne s’étonne donc pas quand on lui pointe certaines parentés visuelles.
Mais Louis Morin insiste sur l’originalité et la spécificité de L’arrivée. «Un bon réalisateur a des mots-clés et des références. Denis avait Under the Skin, un film qu’il aime beaucoup […] et il avait le désir d’un look de la vie ordinaire», conclut-il.