Le Journal de Montreal

Chasse aux sources jusque dans les vestiaires

Le SPVM écarte un agent soupçonné de fuite

- Félix Séguin

Un policier faisant l’objet d’une enquête pour avoir dévoilé aux médias une histoire de ticket impayé par le maire de Montréal Denis Coderre a finalement été puni… pour une banale blague de vestiaire.

L’agent, dont le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refuse de dévoiler l’identité en raison de l’enquête disciplina­ire dont il a fait l’objet, a écopé d’une sanction qui l’envoie passer 160 jours dans un poste de quartier.

Il serait à l’origine d’une blague ayant mal tourné qui visait un syndiqué voulant obtenir un poste afin de se rapprocher de la direction.

POLICIERS EN COLÈRE

L’affaire a commencé le 19septembr­e dernier lorsque le chauffeur du directeur du SPVM, un agent normalemen­t affecté aux patrouille­s à moto, a convaincu l’un de ses collègues de venir le rejoindre. Ils seraient ainsi deux policiers à assurer la sécurité du chef Philippe Pichet dans ses déplacemen­ts.

Selon une source, la «défection» d’un syndiqué pour devenir chauffeur du grand patron a soulevé l’ire dans cette petite unité de 43 policiers.

Les motards ont donc sorti le casier du policier Marc-Olivier De Foy du vestiaire en prenant soin d’y afficher une photo du maire de Montréal, au-dessous de laquelle on aurait écrit: «Va rejoindre ton chum.»

«C’est le genre de coup que l’on voit souvent entre policiers», raconte un témoin. C’est la suite des choses que l’on voit plus rarement, selon nos sources.

EMPREINTES DIGITALES

Le vestiaire de l’Unité motard, rue Hochelaga, est devenu une véritable scène de crime. La direction a même fait venir la division de l’identité judiciaire afin de procéder à la prise d’empreintes digitales et à la photograph­ie du casier en question.

«Normalemen­t, quand un incident comme celui-ci survient, on lave notre linge sale en famille», affirme une source qui dénonce l’ampleur des techniques d’enquête utilisées.

Rappelons qu’en début de semaine, La Presse révélait que son chroniqueu­r Patrick Lagacé avait fait l’objet d’une surveillan­ce du SPVM parce qu’il avait enquêté sur une histoire de contravent­ion impayée par Denis Coderre.

De son côté, le SPVM nie avoir cherché tous les moyens pour sanctionne­r un policier, qui a d’ailleurs été blanchi par l’enquête criminelle.

Selon l’inspecteur-chef Éric Lalonde, l’histoire du casier cache une affaire plus grave de harcèlemen­t au travail.

«Comme gestionnai­res, on se devait d’agir», dit-il.

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