Une vie digne d’un film de Hollywood
Un militaire québécois méconnu a libéré une ville à lui tout seul et capturé 93 soldats allemands
Un soldat québécois qui a libéré une ville à lui seul en plus de faire prisonnier 93 soldats allemands demeure méconnu ici, mais est étudié dans les écoles en Hollande.
Les exploits du tireur d’élite Léo Major durant la Deuxième Guerre mondiale sont dignes d’un film de Hollywood. Le héros, décédé en 2008, a notamment libéré une ville de 50000habitants aux Pays-Bas à lui seul en faisant peur aux soldats allemands en lançant plein de grenades dans des maisons inhabitées. Dans d’autres missions, il a fait prisonniers 93 soldats allemands, en plus de prendre possession d’un tank de l’armée allemande.
L’histoire est restée méconnue pendant 25 ans en raison de l’humilité de Léo Major qui n’en a pas parlé à ses proches avant 1970. Mais il sortira de l’ombre bientôt alors qu’un livre, un documentaire et un film sont en production.
«Quand j’avais neuf ans, des gens des Pays-Bas le cherchaient pour l’honorer. C’est là qu’on a su son histoire. Ma mère lui a demandé pourquoi il n’avait pas parlé. Il a dit: “Qui m’aurait cru?”» se souvient son fils Daniel-Aimé Major.
En 1970, M.Major s’est rendu en Hollande où il a participé à un immense défilé pour souligner les 35 ans de la fin de la guerre.
En ce jour du Souvenir, le Canada honore les quelque 600 000 vétérans qui ont servi dans les différentes guerres dans lesquelles le Canada a été impliqué.
ROCK STAR
Même si M. Major est méconnu ici, il est pratiquement aussi populaire qu’une rock star à Zwolle, aux Pays-Bas, la ville qu’il a libérée seul en 1945. Une rue de la ville porte d’ailleurs son nom, et ses exploits sont étudiés par les écoliers. Une nuit d’avril 1945, il a été envoyé en éclaireur à Zwolle où il a passé la nuit à attaquer les patrouilles allemandes en lançant des grenades dans des maisons vides, afin de faire croire à l’invasion de la ville par les troupes canadiennes. Au matin, la ville était libérée.
«Il m’en a parlé un jour. Il m’a dit qu’il avait eu un moment de folie et que ça avait bien tourné», dit son fils Daniel-Aimé Major.
EN ESPADRILLES
Léo Major était un être énigmatique, qui préférait les espadrilles aux bottes lors des missions où il devait se déplacer furtivement.
Il a perdu l’usage de son oeil alors que la guerre battait son plein, mais n’a jamais voulu être rapatrié et a continué ses missions avec un bandeau de pirate.
Blessé gravement au dos, aux chevilles et aux côtes en février 1945, Léo Major a fui l’infirmerie afin de rejoindre plus tard son unité avant d’être guéri.
Son fils se souvient qu’une jeune fille d’environ 14 ans était tombée sous le charme de son père la nuit où il a libéré la ville. Lorsqu’elle a eu environ 70 ans, la dame était venue à Candiac rencontrer Léo Major. «Elle avait des étoiles dans les yeux et lui tenait la main», se souvient son fils.
MUSIQUE
Léo Major était un père autoritaire, plutôt froid, mais un grand-père affectueux et adorable. Il ne parlait pas de la guerre. «Il était sensible à certaines musiques, qui lui rappelaient ses compagnons d’armes décédés», dit son fils.
Il est mort d’un cancer des os en 2008. À son enterrement, des citoyens hollandais sont venus à Pointe-Claire pour lui rendre un dernier hommage. «C’est surréel», résume Daniel-Aimé Major.