Des quotas de couches existeraient dans les CHSLD
Des témoignages anonymes ont été présentés aux élus de l’Assemblée nationale
QUÉBEC | Il existerait des quotas de couches dans plusieurs CHSLD, selon des témoignages anonymes présentés à l’Assemblée nationale et recueillis par un ancien préposé aux bénéficiaires.
Les cas soulevés donnent froid dans le dos. Plusieurs préposés mentionnent sous le couvert de l’anonymat la règle du 80 %: si la couche n’est pas souillée à ce point, elle ne doit pas être changée.
D’autres soutiennent qu’il existe des quotas et qu’ils doivent justifier à leur supérieur un usage plus important de couches. L’une d’entre elles affirme même que son CHSLD fait payer le patient.
«Ce n’est pas normal de dire à un résident d’uriner dans sa couche, car on ne peut pas l’amener à la toilette par manque de temps, a dénoncé une autre infirmière d'un CHSLD.
Les propos ont été recueillis par Jean Bottari, un activiste qui a été préposé aux bénéficiaires pendant plus de trois décennies et qui intervient régulièrement dans les médias pour dénoncer les situations inacceptables dans les CHSLD. En octobre, il a lancé un appel aux témoignages sur les conditions de vie dans ces établissements.
«J’ai été inondé de messages», a-t-il dit en entrevue au Journal. Le 3 novembre, il a rédigé une lettre au ministre de la Santé Gaétan Barrette dans laquelle il a fait la liste de tous ces cas.
PARADIS DÉNONCE
Ces cas ont été dénoncés par le critique caquiste François Paradis, qui a soulevé la question hier à l’Assemblée nationale.
«On a eu les bains au noir dans les CHSLD, on a maintenant un potentiel scandale de quota de couches. Ce sont des courriels de préposés, de gens du terrain et de familles», a-t-il déploré.
Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a répliqué. «Je pourrais, moi, chronométrer les interventions du député de Lévis, pour voir la démagogie qu'il fait et la démontrer à tout le monde», a-t-il lancé.
CRÉDIBILITÉ ATTAQUÉE
Quant à Jean Bottari, M. Barrette s’attaque à sa crédibilité. «La personne dans le réseau de la santé qui m'envoie le plus de courrier, c'est Jean Bottari, OK? Il n'y a pas un jour où, sur Twitter, sur Facebook et ainsi de suite, où il ne m'envoie pas quelque chose. Il n'y a pas un jour», a-t-il lancé lors d’un point de presse.
Selon lui, M. Bottari présente toujours les faits comme «si c’est toujours l’enfer noir foncé qui brûle à 5000 degrés».
M. Barrette estime qu’il n’a pas besoin de lancer d’enquête sur ces cas rapportés, car il tiendra un forum les 17 et 18 novembre sur les meilleures pratiques dans les CHSLD.