Le Journal de Montreal

EN 5 QUESTIONS Isolationn­isme et militarism­e américains

L’ACTUALITÉ INTERNATIO­NALE

- Loic tassé

Plusieurs dirigeants du monde sont inquiets. Ils craignent que la politique étrangère de Donald Trump soit nocive pour la planète. En termes à peine voilés, ces leaders enjoignent M. Trump à plus grande prudence.

Angela Merkel lui rappelle ses responsabi­lités mondiales. Shinzo Abe insiste sur le besoin de stabilité en Asie. Ban Ki-moon lui demande d’oeuvrer pour le bien commun. Mais la politique étrangère américaine qui s’esquisse à travers le programme et les discours de Trump se résume en deux mots redoutés : isolationn­isme et militarism­e. 1 Quel est le fondement de la politique étrangère de Trump ? La politique étrangère de Trump est fondée sur le renfonceme­nt de l’armée américaine. Ainsi, le nouveau président américain veut augmenter le nombre de soldats actifs, qui passerait d’environ 450 000 à 540 000. Trump veut aussi fournir à la marine les 350 nouveaux navires de guerre qu’elle demande. Il veut doter l’aviation de 1200 nouveaux appareils. En plus, le nouveau président a promis de renforcer les capacités de cyberdéfen­se des États-Unis, leurs capacités d’espionnage et les systèmes de défense antimissil­es. 2 Quelle forme prendrait le nouvel isolationn­isme américain ? Trump veut rendre les États-Unis moins dépendants du reste du monde. Ceci passe en premier lieu par la renégociat­ion des traités de libreéchan­ge. Trump renoue ainsi avec des politiques protection­nistes d’avant la Seconde Guerre mondiale. Cette tendance est très claire dans le domaine de l’énergie. Ainsi, pour Trump, la domination énergétiqu­e des ÉtatsUnis doit devenir un objectif tant pour l’économie que pour la politique extérieure du pays. Cette domination énergétiqu­e passe par l’exploitati­on tous azimuts des ressources énergétiqu­es des États-Unis, en favorisant l’énergie gazière. Les États-Unis pourraient ainsi devenir complèteme­nt indépendan­ts du pétrole des pays de l’OPEP. 3 Quelle forme prendrait cette domination au niveau mondial ? Trump est peu bavard sur le sujet. Il justifie l’absence de politique étrangère plus détaillée par sa volonté de demeurer imprévisib­le face aux ennemis des États-Unis. Mais il a évoqué la possibilit­é de s’emparer de puits de pétrole. Il pourrait vouloir s’entendre avec la Russie et partager avec elle l’influence américaine au Moyen-Orient, comme au temps de la Guerre froide. Une domination stratégiqu­e implique aussi le contrôle des technologi­es énergétiqu­es et d’une bonne partie du marché. 4 Que veut faire Trump contre l’islam radical ? Trump veut lutter contre l’islam radical comme les États-Unis ont autrefois lutté contre l’idéologie communiste. Il demandera au Congrès de mettre sur pied une commission d’enquête sur les individus et les organisati­ons qui soutiennen­t l’islam radical aux États-Unis. Dans cette perspectiv­e, il veut interdire l’accès au territoire américain de toute personne qui pourrait être sous l’emprise de l’islam radical. Trump va aussi demander à l’armée de concevoir un plan pour vaincre rapidement l’État islamique. Il considère enfin que l’Iran est le plus grand financier au monde du terrorisme. 5 Que demande Trump aux alliés des États-Unis ? Essentiell­ement de payer davantage. Davantage pour leurs dépenses militaires, davantage pour leur accès au marché américain. Cette vision comptable du monde ne tient pas compte de plusieurs effets pervers. Par exemple, plus un pays paie pour sa défense, plus il veut de retombées économique­s chez lui pour ses achats militaires. Plus un pays devient militairem­ent indépendan­t des États-Unis, plus il lui est facile de quitter les alliances militaires américaine­s. Le nouvel isolationn­isme, s’il se concrétise, ne peut aboutir qu’à la diminution de l’influence mondiale des États-Unis.

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