Faire parler l’Amérique
C’est comme ça après toutes les échéances électorales. Les gens s’empressent de sortir la raison qui fait leur affaire pour expliquer les résultats.
«L’Amérique a rejeté l’establishment et les médias!» «Les Américains de la classe moyenne ne veulent plus des élites hypocrites!» «Hillary a perdu parce qu’elle est une femme!»
Il y a du vrai dans chacun de ces aspects, mais on ne peut résumer un exercice aussi complexe à une seule explication.
PAS DE REJET
Personne n’a été clairement rejeté, au contraire. Hillary Clinton a même reçu près de 300 000 votes de plus que Donald Trump. En termes de volée, on a déjà vu pire.
Évidemment, le nouveau président a toute la légitimité pour gouverner. Les règles sont les mêmes depuis des siècles. Les Pères fondateurs ont choisi de former une fédération et le collège électoral est un des moyens qu’ils ont trouvés pour le refléter.
N’empêche qu’avec quelques dizaines de milliers de votes de plus au Wisconsin, au Michigan et en Pennsylvanie – des marges qui se comparent à celle de notre dernier référendum –, c’est Clinton qui serait allée visiter son ami Obama à la Maison-Blanche.
COMPRENDRE LES RÉSULTATS
Ça aurait pu aller d’un côté comme de l’autre, mardi. Aujourd’hui, on dirait plutôt que l’Amérique a rejeté la haine, alors qu’on aurait affaire à une entité politique presque exactement semblable.
Au passage, on doit également reconnaître que les maisons de sondage ne se sont pas trompées tant que ça. Toutes les analyses prévenaient que l’élection de Trump était davantage qu’une probabilité statistique.
On parlait d’une faible avance de Clinton. C’est ce qu’il y avait dans la boîte le 8 novembre au soir.
Bref, il faut faire attention, quand vient le moment de commenter les résultats. Ceux qui vous invitent à y réfléchir en vous soumettant des explications toutes faites sont en fait en train de pousser les idées qu’ils avaient déjà avant le vote.
Surtout, se rappeler qu’il n’y a pas qu’une Amérique qui a parlé. Il y a des Amériques qui ont des aspirations différentes.