Vive le Canada ?
Jacques Brel disait de sa Belgique natale que c’était un plat pays. Le très sérieux magazine britannique The Economist, qui consacrait sa une au Canada la semaine dernière, le décrivait comme étant un pays plate, avant de l’encenser avec la ferveur d’une groupie de Justin Trudeau.
Comparés à notre voisin du Sud, nous sommes certes ennuyeux à mourir. La Suisse format Costco. Pas de gros attentats terroristes, pas de tueries de masse, pas d’émeutes raciales, pas d’immigration illégale, un contrôle des armes à feu efficace et un filet social généreux.
Les Canadiens qui tombent malades n’ont pas besoin de vendre leur maison pour se payer des soins médicaux et les nouveaux parents bénéficient de congés payés.
Les employeurs américains ne sont même pas obligés de donner du temps à leurs employés pour aller voter!
Le multiculturalisme fonctionne très bien au Canada anglais, mieux qu’en Angleterre, mieux qu’en Allemagne. The Economist, toujours bien renseigné, précise aussi que le Québec voit le multiculturalisme d’un autre oeil et donne la priorité à sa culture distincte.
MOINS RICHE, PLUS PAISIBLE
Nous sommes moins productifs, plus pauvres et moins innovants que les Américains. Nous ne rêvons pas de coloniser Mars ou d’imposer Pax Canadiana partout dans le monde, mais notre Constitution, douce comme ces papiers de toilette annoncés par des chatons angoras blancs, nous garantit la paix, l’ordre et un bon gouvernement. Qui dit mieux?
Ah! J’oubliais, nous n’avons pas élu un leader raciste, misogyne, méchant, ignorant (quand on a grandi sur les genoux de Pierre Elliott Trudeau, l’ignorance n’est pas une option). Justin Trudeau est non seulement l’antithèse de Donald Trump, on peut dire la même chose de Sophie l’anti-kitsch et Melania.
La demeure des Trudeau n’est pas couverte d’or.
Les commentateurs québécois adorent casser du sucre sur le dos de l’actuel premier ministre canadien – même si près de deux Québécois sur trois lui accordent leur confiance – mais pour une fois, saurions-nous dire, tout au moins face à l’élection de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, quand on se compare, on se console?