Le Journal de Montreal

Le dynamiteur

- denise.bombardier @quebecorme­dia.com denise bombardier Blogueuse au Journal

Rien ne lui a résisté. Donald Trump est devenu le président élu des États-Unis d’Amérique.

C’est l’éléphant dans un magasin de porcelaine. Sans bouger, en usant seulement de sa parole, il a brisé, désacralis­é, ridiculisé et insulté les institutio­ns, les symboles, les traditions qui à ce jour exprimaien­t une certaine idée des États-Unis.

Son accession au pouvoir est le fait non d’un rebelle, mais d’un révolution­naire. Car l’homme fait tabula rasa des pratiques, des codes, du protocole, voire d’une certaine liturgie politique, que tous ses prédécesse­urs ont respectés.

Donald Trump, aussi riche soit-il, n’a jamais pu accéder aux institutio­ns de l’élite américaine, discrète face à l’argent, chic, intellectu­elle, raffinée, aux racines profondéme­nt enfouies dans le terreau culturel et politique. Cette élite traditionn­ellement démocrate, mais aussi républicai­ne s’est partagé le pouvoir depuis la Guerre de Sécession.

UNE MAJORITÉ BLANCHE

Donald Trump est le roi des parvenus. Et ses goûts, son comporteme­nt, ses références, son vocabulair­e, ses préjugés dénués de complexes sont inextricab­lement liés à ceux de la majorité blanche en perte d’identité, d’argent, bousculée par la rectitude politique et choquée dans ses croyances religieuse­s. C’est précisémen­t cette majorité que Hillary Clinton dans un moment d’égarement révélateur a traitée de «déplorable».

Le président élu Trump, déjà star médiatique, a désiré incarner le pouvoir suprême. Or, Donald Trump ne connaît de la planète que les hôtels de luxe dans lesquels il descend lors de ses voyages d’affaires après avoir débarqué de son Boeing privé.

Le président élu ne maîtrise, à vrai dire, que son histoire personnell­e et sa propre géographie. Sa perception internatio­nale est alimentée par ses intérêts d’affaires. Il semble fonctionne­r par intuition, ouï-dire, stéréotype­s et affinités. C’est peu dire qu’il est mal équipé pour mener la politique internatio­nale de son pays.

DES PROMESSES

S’il a raconté nombre de mensonges durant sa campagne – précisons que son adversaire n’a pas été une pure en la matière –, Donald Trump, dans sa langue directe, brutale et infiniment efficace, a donné à ses partisans le sentiment qu’il les comprenait. Il leur a promis de changer leur vie de misère en leur redonnant des emplois, en les protégeant contre l’immigratio­n illégale et le terrorisme islamiste.

L’homme de 70 ans peut-il vraiment changer? Le souhaite-t-il vraiment? Le président élu n’est pas dépourvu d’intelligen­ce: il est rusé et avisé. Mais son champ d’action est limité. Ce n’est pas un républicai­n pur sang. Il s’est mis à mal l’establishm­ent de son parti dont une grande partie siège au Congrès, ce même Congrès qui peut paralyser tout président.

La Maison-Blanche n’est pas un décor de téléréalit­é. Le président des ÉtatsUnis n’est pas là d’abord pour congédier les gens, mais pour les écouter. Donald Trump, le pulsionnel, saura-t-il s’entourer de gens compétents et forts? Ce n’est pas avec Sarah Palin, par exemple, comme secrétaire à l’intérieur des ÉtatsUnis (selon la rumeur) qu’il trouvera les meilleurs conseils.

S’il tient ses promesses, à savoir rouvrir les mines à charbon, interdire l’avortement et le mariage gai, renier l’Accord de Paris sur le climat (promesse déjà retirée de son site officiel) réduire les impôts des riches, il va, à coup sûr, révolution­ner son pays.

Le peuple américain se laissera-t-il entraîner hors du pragmatism­e qui a modelé le pays? Et si Trump était déjà en mode de rétrocessi­on?

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Le président élu Donald Trump, déjà star médiatique, a désiré incarner le pouvoir suprême.

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