Le Journal de Montreal

Minuit moins une pour voir le pape au Québec

Il faut agir pour recevoir la visite de François, dit un expert

- Pierre-Paul biron Le Journal de Québec

QUÉBEC | Il serait minuit moins une pour la possibilit­é de voir le pape François faire un voyage à Montréal pour le 375e de la ville d’après Luciano Dorotea, l’un des organisate­urs de la visite papale de 1984. Fort de ses expérience­s antérieure­s, l’homme propose un électrocho­c pour le projet montréalai­s. Selon votre analyse de la situation, les chances de voir le pape à Montréal en 2017 sont de plus en plus minces?

«Pour le moment, une visite n’apparaît pas du tout sur les écrans radars du Vatican, et les signaux donnés ne sont pas très encouragea­nts. Le 2 octobre dernier, le pape a affirmé qu’il aurait moins de temps pour ses voyages en 2017. Il a confirmé un voyage au Portugal; il se rendra presque certaineme­nt en Inde et au Bangladesh et il a évoqué deux régions possibles en Afrique. Quant au continent américain, il a confirmé sa volonté de se rendre en Colombie une fois le processus de paix complété. Il n’a fait aucune mention ni du Canada ni de Montréal.»

Sur quels éléments le pape François se base-t-il pour déterminer les endroits qu’il visitera?

«La dynamique est complèteme­nt différente avec le pape François qu’avec ses prédécesse­urs. Il fait vraiment un choix des pays qu’il visite et il a des motifs bien précis de le faire. Il estime que la réalité se comprend mieux des périphérie­s plutôt que du centre et c’est pourquoi il visite principale­ment des pays qui ne sont pas les grands joueurs mondiaux.»

Montréal devrait-elle donc revoir son invitation faite au pape pour l’adapter à ces réalités?

«Chaque année, le pape reçoit des dizaines et des dizaines d’invitation­s pour des anniversai­res comme le 375e de Montréal. Est-ce que cette occasion serait une raison de visite suffisante pour le Vatican? La question se pose. Mais sachant qu’aucune réponse négative n’est encore venue, il est grand temps de réagir. Si les intervenan­ts tiennent à la visite, il faut proposer un thème de contenu qui donnerait une impulsion à la candidatur­e de Montréal, en rejoignant les priorités du pape.»

Vous proposez donc d’orienter une éventuelle venue du Saint-Père autour du thème de l’immigratio­n et des réfugiés?

«Ce sont des priorités du pape. Il a fait plusieurs voyages pour lancer des messages forts sur la crise des réfugiés et de l’immigratio­n. Dans le contexte actuel de l’élection de Donald Trump, qui a des visions sur le sujet diamétrale­ment opposées au pape François, une visite au Canada offrirait à ce dernier une plateforme pour lancer un message fort à nos voisins du sud. Le Canada deviendrai­t en quelque sorte cette périphérie recherchée par le pape dans ses voyages. Et une thématique d’actualité aussi importante entraînera­it des retombées internatio­nales à cette visite.»

Comment Montréal peut-elle convaincre le Saint-Siège que ce thème mérite l’attention du pape dans un échéancier aussi court?

«Si une démarche significat­ive est faite d’ici la fin de l’année auprès du pape, peut-être qu’il trouverait du temps à son agenda. Ce dernier n’a jamais rencontré Justin Trudeau depuis son élection, il y aurait donc un intérêt certain à organiser un entretien. On pourrait mettre sur pied une mission gouverneme­ntale dirigée par M. Trudeau, accompagné de MM. Couillard et Coderre, avec en parallèle une mission religieuse. Il faut avoir une approche, une stratégie, du contenu et se dire que tant que ce n’est pas non, on peut intervenir.»

 ??  ?? Luciano Dorotea a fait partie des organisate­urs de la visite de Jean-Paul II au Québec en 1984. Il a aussi été représenta­nt du gouverneme­nt québécois à Rome de 1985 à 1986 et de 1989 à 1993.
Luciano Dorotea a fait partie des organisate­urs de la visite de Jean-Paul II au Québec en 1984. Il a aussi été représenta­nt du gouverneme­nt québécois à Rome de 1985 à 1986 et de 1989 à 1993.

Newspapers in French

Newspapers from Canada