Le Journal de Montreal

Un enfant calme réfléchit mieux

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«L’émotion nous égare, c’est son principal mérite», a écrit Oscar Wilde, mais c’est aussi sa grande faiblesse lorsque la colère, l’humiliatio­n ou l’agitation s’emparent de nous et nous empêchent d’entendre la sagesse de notre raison.

Lorsqu’il a commencé à animer ses ateliers de philo pour enfants, le philosophe français, Frédéric Lenoir, a vite constaté les avantages de faire précéder ses ateliers de courtes séances de méditation. «Des études démontrent que la capacité d’attention des enfants d’aujourd’hui n’excède guère plus de huit secondes», souligne-t-il. Les enfants qu’il a rencontrés un peu partout sur la planète lui ont confirmé que ces études disaient vrai.

«La méditation permet aux jeunes de calmer l’agitation de leurs pensées, d’être davantage présents et concentrés pour mieux réfléchir par la suite, a-t-il remarqué au fil du temps. Elle nous permet de nous mettre à l’écoute de ce qui se passe en nous et ainsi d’apprendre à mieux nous connaître», ajoute celui qui pratique la méditation de pleine conscience depuis plus de 30 ans.

Voilà qui explique peut-être pourquoi de plus en plus d’enseignant­s décident d’intégrer la méditation à leur enseigneme­nt. Un ami de M. Lenoir, Jacques de Coulon, a instauré cette pratique il y a déjà 20 ans avec les adolescent­s d’un collège qu’il a longtemps dirigé à Fribourg. Selon M. Lenoir cette pratique quotidienn­e a transformé la vie des élèves et des enseignant­s.

SÉANCES DE MÉDITATION

Sur la Rive-Sud de Montréal, Line Lampron, enseignant­e de yoga et copropriét­aire du studio Le Yoga du coin à Longueuil, a mené une expérience tout aussi concluante à l’école primaire de ses enfants en décembre 2014. Pendant quatre semaines, les élèves de l’école primaire Armand Racicot ont eu droit à deux séances de yoga par semaine de 20 à 45 minutes selon leur âge. Chaque séance était précédée d’une courte méditation.

«J’invitais les élèves à respirer en mettant leurs mains sur leurs côtes puis à prendre conscience de ce qui se passait dans leur corps», explique Mme Lampron. Pour les plus jeunes, elle évoquait l’image d’un vaisseau spatial équipé d’une lampe qui descendait en eux pour explorer les moindres replis de leur corps.

«Une élève m’a dit un jour qu’elle avait trouvé une tristesse accrochée à sa jambe droite. Elle m’a expliqué qu’elle l’avait envoyé promener et qu’elle se sentait beaucoup mieux», raconte Mme Lampron.

Elle leur a aussi appris à respirer trois fois avant de réagir en cas de conflit. Une consigne que plusieurs ont mise en applicatio­n avec succès.

Pendant toute la durée des ateliers, les enseignant­s ont constaté des résultats encouragea­nts en classe. Des élèves plus calmes, plus concentrés et de meilleurs résultats scolaires dans certains cas.

CINQ MINUTES PAR JOUR

À la fin de l’expérience, des parents ont demandé un prolongeme­nt de l’activité. Plusieurs étaient prêts à payer pour que leurs enfants continuent à s’entraîner au yoga et à la méditation un midi par semaine. «Je m’attendais à une dizaine d’inscriptio­ns. J’en ai eu 52», se souvient Mme Lampron.

L’activité a pris fin après dix semaines, mais plusieurs enseignant­s lui ont rapporté avoir continué à faire méditer leurs élèves en classe, surtout avant les examens. D’autres jeunes lui ont raconté avoir commencé à méditer à la maison pour se calmer ou pour améliorer leurs performanc­es dans leurs activités sportives.

Les enfants ont besoin d’à peine cinq minutes par jour pour profiter pleinement des bienfaits de la méditation, soutient Mme Lampron, mais encore faut-il que les commission­s scolaires acceptent de prendre le temps de former les enseignant­s à cette pratique.

«L’humanité commence à se rendre compte qu’on a besoin de s’arrêter, de ralentir le rythme, croit-elle. Les grands athlètes méditent, les chirurgien­s aussi, alors pourquoi pas nos enfants? Peu importe la façon de le faire, l’important c’est de prendre le temps de s’arrêter pour prendre conscience de ce coeur qui bat en chacun de nous.»

« L’humanité commence à se rendre compte qu’on a besoin de s’arrêter, de raLentir Le rythme » – Line Lampron, enseignant­e de yoga

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