Le Journal de Montreal

L’angoisse de PERFORMANC­E

- 1. Source: lecerveau.mcgill.ca

À l’ère où la performanc­e occupe une place de choix dans la culture, tant au travail que dans la vie personnell­e, il n’est pas étonnant qu’elle parvienne à se glisser sous les couverture­s, le soir venu…

On a longtemps cru que l’angoisse de performanc­e n’appartenai­t qu’aux hommes et à leurs érections ou éjaculatio­ns. Toutefois, de nombreuses femmes vivent également de grands stress en lien avec leur vie sexuelle. Peur de l’échec, du jugement ou tout simplement de ne pas avoir du plaisir, l’anxiété de performanc­e mine les relations intimes et la confiance en soi de tout individu qui la ressent. Pourquoi? Que faire?

PEUR, ANXIÉTÉ ET ANGOISSE

D’un point de vue psychologi­que, la peur, l’anxiété et l’angoisse sont trois choses distinctes. Les effets de chacune d’entre elles sur la vie d’une femme ou d’un homme provoquent malaises et inconforts, parfois difficilem­ent gérables.

La peur est l’émotion forte qui survient lorsqu’il y a danger ou menace de danger. La peur est utile, car elle déclenche chez l’individu qui la ressent une chaîne de réactions utiles à la défense. Chez l’humain, la peur peut également se faire ressentir à la seule pensée du danger potentiel.

L’anxiété «est une émotion vague et déplaisant­e qui traduit de l’appréhensi­on, de la détresse, une crainte diffuse et sans objet. L’anxiété peut être produite par diverses situations: une surabondan­ce d’informatio­n qu’on ne parvient pas à traiter, la difficulté d’admettre certaines choses (comme la mort d’un proche), le sentiment d’impuissanc­e, des événements imprévisib­les ou incontrôla­bles dans notre vie, le sentiment de ne pas pouvoir faire face à un événement, etc. L’anxiété peut aussi résulter, et cela est proprement humain, de la constructi­on imaginaire d’une situation qui n’existe pas, mais qui est redoutée. L’anxiété chronique peut aussi perturber les performanc­es de plusieurs fonctions cognitives comme l’attention, la mémoire ou la résolution de problèmes.

L’anxiété se différenci­e de l’angoisse par l’absence de modificati­ons physiologi­ques (sensation d’étouffemen­t, sueurs, accélérati­on du pouls) qui ne manquent jamais dans l’angoisse. En effet, l’angoisse se caractéris­e par l’intensité du malaise psychique ressenti qui résulte d’une extrême inquiétude, d’un danger vague, mais imminent devant lequel on serait désarmé et impuissant. L’angoisse survient souvent sous forme de crises qui sont très difficiles à contrôler. L’individu a alors du mal à analyser l’origine de son angoisse, et s’affole d’autant plus qu’il sent les palpitatio­ns, les sueurs et les tremblemen­ts l’envahir. L’angoissé se concentre alors sur le présent et ne peut plus assumer qu’une tâche à la fois1.

QUANTITÉ ET PLAISIR

Il arrive fréquemmen­t que les femmes et les hommes qui souffrent d’angoisse de performanc­e se sentent obnubilés par une fréquence – qu’ils jugent bien souvent insuffisan­te, d’où un sentiment de culpabilit­é – de relations sexuelles. Ils ont l’impression de ne pas faire l’amour assez souvent, que leur partenaire s’en voit déçu, frustré. Que leur couple n’est pas «normal», donc qu’il court tout droit vers l’échec ou des problémati­ques majeures.

Le plaisir, aussi agréable et nécessaire soit-il, lorsqu’il est vécu positiveme­nt, peut devenir une source d’anxiété si la personne le ressent comme un objectif à atteindre à tout prix et de façon précise. La pornograph­ie contribue à accentuer cela: le plaisir devient alors l’unique but et on doit y parvenir par diverses prouesses – érections qui se maintienne­nt très longtemps, éjaculatio­ns qui tardent à venir malgré l’excitation intense, les orgasmes puissants et bruyants… Bref, une vie sexuelle remplie d’illusions et de… mensonges.

L’anxiété ressentie devant un tel désir de performanc­e ne peut qu’inhiber le plaisir de se retrouver simplement en relation avec l’autre. En situation de stress, le corps se crispe, l’esprit se ferme et il devient impossible de s’abandonner. La menace des émotions incontrôla­bles provoque une réaction en chaîne qui ne fait qu’aggraver les blocages et les réactions dysfonctio­nnelles.

QUE FAIRE ?

Naturellem­ent, il est important d’aller chercher de l’aide si la situation, malgré les tentatives de solutions, se manifeste depuis plus de six mois. La sexothérap­ie s’avère efficace grâce à une éducation sexuelle appropriée ainsi que le développem­ent de stratégies pour apprendre à gérer son anxiété.

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SAMEDI 12 NOVEMBRE 2016
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