Le Journal de Montreal

Récit de mon expérience dans une résidence

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Je vie depuis 13 ans dans une résidence et j’ai envie de vous faire part des réalités de ce milieu. Force est de constater qu’à la longue, les résidents deviennent pour la plupart assez dur d’oreille, et qu’ils l’oublient quand ils écoutent leur télévision avec le volume au maximum. Ils font aussi beaucoup de bruit dans leur logement et oublient de munir les pattes de chaises de petits coussinets. Imaginez ce que ça fait quand ils traînent les chaises et fauteuils sur le plancher. Si on a le malheur de s’en plaindre à la réception, notre parole est mise en doute, et on doit fournir des preuves que c’est bien la personne au-dessus et non celle d’en face qui fait du bruit. Jamais je n’aurais dû me plaindre, car depuis ce temps, les locataires au-dessus viennent frapper à ma porte en pleine nuit pour se venger.

Et que dire du commérage? Des mémères, il y en a à la tonne. Ça me fait du bien de vous raconter ça, puisqu’à la longue, ça pèse sur le moral. Heureuseme­nt j’ai la chance d’avoir un appartemen­t au bord de l’eau, avec personne pour me boucher la vue. L’été je vois passer les bateaux et l’hiver j’admire le blanc immaculé de la neige. Avec l’été prolongé de cette année, j’en profite encore plus.

C’est certain que mon appartemen­t est petit et que j’aimerais avoir plus grand, mais ce n’est pas dans mes moyens et je manquerais de force pour déménager. C’est compliqué de devoir sortir les valises à chaque fin de saison pour entreposer les vêtements d’été et sortir ceux d’hiver. Il y a aussi que je compte mes sous pour pouvoir m’acheter un nouveau morceau de vêtement pour améliorer mon quotidien. Alors je m’en prive. En terminant, j’ai perdu presque tous mes partenaire­s de danse, mais il me reste encore un ami qui a 96 ans et avec lequel j’ai encore le bonheur de pouvoir correspond­re. Cette petite vie, c’est la mienne.

Madame Aline de Laval

Sans vouloir vous dorer la pilule chère Aline, je vous rappelle un proverbe qui devrait vous inciter à apprécier ce que vous avez au lieu de penser à ce que vous n’avez pas : « Quand je me regarde je me désole, mais quand je me compare, je me console! » Je vous dis cela parce que si vous mettez ce que vous me décrivez comme étant « le bon de votre vie » dans une balance, vous allez vite constater qu’il dépasse de beaucoup « le mauvais ». Vous devriez peut-être prendre un peu plus de temps pour l’apprécier?

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