Le Journal de Montreal

MONTRÉAL RETOUR SUR L’IMAGE

20 mars 1914

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1 un camion hippomoBil­e

«Sainte-Catherine, Amherst!» crie le cocher. Ce coin de rue a bien changé depuis 1914. Bien que rafistolée, gribouillé­e et surexposée, cette photograph­ie dévoile des secrets intéressan­ts de la vie montréalai­se d’autrefois. Ces chevaux de trait à la mine fatiguée sont attelés à une charrette que l’on connaît sous le nom de «tombereau». Cette charrettec­amion est dotée d’un mécanisme bien spécial. En actionnant un levier, le plancher de la caisse s’abaisse en pente, permettant de décharger la cargaison, ici des tonneaux. Si le secteur est fréquenté le soir pour les plaisirs de la scène, plusieurs y viennent pour travailler le jour. Ces chevaux attendent patiemment devant la manufactur­e de vêtements et de chapeaux de fourrures E. A. Ste-Marie. Avec Dupuis Frères à quelques coins de rues, pas étonnant que les artisans de la fourrure et des textiles abondent dans le quartier.

2 la rue Des cinémas

À travers les fils électrique­s, l’enseigne du cinéma Electra, «World in Motion», est immanquabl­e. Entre Saint-André et Beaudry, pas moins de quatre cinémas ont pignon sur rue sur la Catherine en 1914. Au coin de Montcalm, le premier vrai cinéma montréalai­s, le Ouimetosco­pe, ouvre ses portes en 1906. LéoErnest Ouimet avait investi toutes ses économies (75 $) dans l’affaire. Son succès attire la convoitise de son ancien patron, Georges Gauvreau. En 1907, le directeur du Théâtre National inaugure le Nationosco­pe, un cinéma de 600 places près de SaintAndré. Ouimet renchérit en dotant son théâtre de 1200 sièges. Non loin d’Amherst, le Moulin Rouge et l’Electra ouvrent leur porte en 1910 et 1913, respective­ment. Doté d’un grand amphithéât­re, films et numéros scéniques se succèdent à l’Electra. Sa programmat­ion originale permet au cinéma de rester dans la course malgré l’ouverture des luxueux Capitol, Loew’s, Palace et Strand sur Sainte-Catherine Ouest.

3 Du cinéma muet aux films De Bruce lee

En mars 1914, The Silver Loving Cup, un drame américain mettant en vedette le Canadien Alexander Gaden dans le rôle du Dr Harvey, et The Gambler’s Penalty, un film danois avec la ballerine Rita Sacchetto, sont à l’affiche à l’Electra. Sous la direction d’Alex Silvio, les bonimenteu­rs-conférenci­ers font la narration des films muets de leurs réparties amusantes ou dramatique­s. Un trio pianiste-percussion­niste-xylophonis­te accompagne les péripéties rocamboles­ques des vues animées. Ce monde qui a vu naître le talent de la «Poune» Rose Ouellette disparaît à l’arrivée du cinéma parlant en 1928. L’un des premiers à intégrer la bannière Odéon en 1945, l’Electra projette des production­s francophon­es et des films britanniqu­es ou américains doublés en français. La popularité du cinéma – restauré après un grave incendie en avril 1946 – décline, forçant sa fermeture en 1978. Rouvert en 1984, les films chinois de Kung-Fu du Sun Ko Wah sont les derniers à animer l’Electra. Le cinéma a été démoli en 1990-91.

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