BS et préjugés
J’avais 14 ans quand, dans le cadre de mon cours sur l’éthique, j’ai visionné un reportage sur les gens vivant dans des conditions difficiles, sur le BS. C’était bien avant Les Bougon et déjà, les préjugés sur les gens qui sont sur le BS et qui utilisent leur argent pour se payer de la bière et des cigarettes avaient bonne presse. Même dans la classe, ce préjugé était ressorti, sans gêne: «Nous devrions leur expliquer comment utiliser leur argent et les obliger à retourner travailler.»
Rhétorique simpliste pour des ados de 14 ans. Rhétorique ridicule pour un gouvernement qui a les moyens d’évaluer les situations au-delà des préjugés.
DÉCISION ARBITRAIRE
François Blais, avant d’être ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, multipliait les conférences pour briser ces préjugés et proposer une tarification efficace pour soutenir la justice sociale. A-t-il tout oublié de son passage universitaire au point de remettre de l’avant des concepts qu’il a dénoncés tout au long de sa carrière?
Cette décision de s’attaquer aux gens sur le BS est lâche.
PAUVRETÉ ET OBSTACLE
C’est faire fi des problématiques qui ont mené ces personnes à devoir vivre avec moins de 400 $ par mois. Pour certains, il s’agit de problématique de santé mentale, pour d’autres, d’un divorce difficile ou d’une perte d’emploi alors que leur niveau d’études est trop faible. Ils ne veulent pas rester dans cette situation, mais la barre est trop haute pour s’en sortir.
Dans une société où 19 % des gens n’arrivent pas à décoder un texte, comment peut-on penser qu’ils pourront se retrouver un emploi facilement? Retourner aux études pour se former ou se soigner par la consultation de spécialistes coûte cher.
Ce n’est pas en mettant encore plus de stress financier sur leurs épaules que le gouvernement leur permettra de recouvrer leur dignité, bien au contraire.