Le Journal de Montreal

Sinistres jeux de miroirs

- MARIE-FRANCE BORNAIS

En plus d’avoir un don pour créer la tension et le suspense chez les lecteurs, Patrick Senécal leur propose dans son nouveau roman,

L’autre reflet, une petite incursion dans le processus créatif, le monde des auteurs, l’écriture et l’univers des salons du livre.

De jour, son personnage principal, Michaël Wolec, enseigne le français aux détenues de l’Établissem­ent Joliette pour femmes. De soir, il écrit. Pas si mal. Et quand il visite les salons du livre, il rêve de s’y retrouver lui aussi. Même s’il a du talent, il bûche: il lui manque un «petit quelque chose».

Cet ingrédient secret, il le trouve dans la nouvelle d’une de ses étudiantes, Wanda Moreau, qui raconte l’assassinat pour lequel elle a été condamnée. Plus Michaël en apprend sur cet événement, plus son roman avance... et plus Wanda développe son talent de romancière.

«Le contexte, je le connais: c’est un contexte littéraire, de salons du livre. J’ai réussi à “plugger” quelques copains et copines du milieu du livre. Mais tout ce qui se passe dans le roman est très loin de moi. Le personnage principal vit quelque chose que moi, je ne vis pas: j’ai une certaine facilité à écrire des scènes d’horreur, des scènes très noires. Lui, il n’arrive pas à faire ça.»

Le personnage le plus près de lui, notet-il, est plutôt celui d’Hugo Vallières, un écrivain à succès. «Sa carrière ressemble à la mienne: au début, ça a commencé mollo, ses livres ne se vendaient pas tant que ça, et ça a commencé tranquille­ment. Dans le roman, il devient très connu. Toutes les considérat­ions qu’il a sur le milieu artistique, sur la façon d’envisager l’écriture, sur les personnage­s, c’est plus mon point de vue à moi.»

MÉCHANTE WANDA

En créant Wanda, sa «méchante», Patrick Senécal savait qu’il allait pouvoir créer encore plus d’ambiguïté et jouer sur les effets de miroir. «Le seul moment où elle communique vraiment de l’émotion, c’est dans l’écriture. Elle est plus vivante dans son écriture que dans la vraie vie. Il y a beaucoup d’écrivains qui sont asociaux, mais qui, dans leurs livres, sont de grands humanistes.»

«On dit souvent que la littératur­e, c’est la vie, et je voulais imager cela d’une façon concrète. Et en même temps, c’est la mort, parce qu’elle vit... en écrivant sur la mort. Michaël, qui a de la misère à écrire sur la mort, va peut-être être obligé d’aller chercher ça dans la vraie vie pour créer la mort dans son roman. Wanda représente le côté sombre de Michaël.» » Patrick Senécal sera en signature au Salon du livre de Montréal.

L’autre reflet Patrick Senécal Éditions Alire 432 pages

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