Retour sur terre
Justin Trudeau a remanié son cabinet après seulement 14 mois. Plus que des corrections cosmétiques, le chef libéral a bougé le gouvernail pour vrai. L’ancien chef Dion sorti de la politique d’une façon assez cavalière, on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs. Il n’était plus dans les bonnes grâces de Justin Trudeau et de son entourage, diton.
Le Québec sort affaibli de l’exercice. La perte d’un ministre des Affaires étrangères n’est pas compensée par l’arrivée d’un ministre du Commerce international dépouillé des dossiers chauds.
VENT CHANGEANT
Après avoir marché sur l’eau pendant la première année de son mandat, Justin Trudeau et son parti constatent maintenant que l’humeur de la population se refroidit un peu. Sentant les choses glisser, ils sont forcés de s’ajuster.
Le changement d’atmosphère s’est produit très subitement. En quelques semaines fin 2016, nous sommes passés d’un gouvernement largement adulé à un gouvernement qui essuie des vagues de critiques.
L’image de Justin Trudeau a aussi perdu un peu de lustre dans la même période. Les soirées de financement et les obligations du pouvoir ont pâli la perception du gars proche des gens.
Les sondages placent le parti libéral du Canada encore loin en avance. Sauf que la tendance est partie dans la mauvaise direction et l’entourage de Justin Trudeau semble bien lire la situation.
Les chefs et leur entourage ont tendance à vivre dans une tour d’ivoire. L’équipe Trudeau semble au contraire faire preuve d’une lecture rapide et juste de l’évolution de l’opinion des Canadiens. C’est tout à leur honneur. Et ils réagissent sans délai.
Le remaniement doit être considéré comme une action musclée pour tenter d’ajuster le tir. La ministre Freeland aura les coudées franches pour composer avec l’administration Trump. D’ailleurs, le Québécois François-Philippe Champagne devient une nouvelle vedette politique au Commerce international.
Le dossier empoisonné de la réforme électorale sort des mains de madame Monsef. Sous la responsabilité d’une nouvelle venue sans expérience ministérielle, on imagine difficilement une autre destination que l’enterrement en règle pour ce dossier.
ABSENT DE DAVOS
Par contre, d’autres coups de barre de ce début d’année me laissent très perplexe. Justin Trudeau annule sa participation au Forum économique mondial de Davos pour plutôt aller rencontrer les Canadiens dans les centres communautaires et les soussols d’églises. Ouf!
L’effet recherché est simple comme du théâtre d’été. Monsieur Trudeau ne veut plus être vu avec des riches et des puissants. Il renonce à Davos, ultime rassemblement de l’élite mondiale, pour plutôt aller écouter son peuple dans des sous-sols sombres. Il tourne le dos au champagne, aux cigares et aux grands Bordeaux pour aller prendre une bière tablette avec les Canayiens. Un peu gros.
Et puis avec tous ses défauts, le Forum de Davos demeure un lieu de rencontre et d’influence qui n’est pas nécessairement inutile pour un premier ministre qui veut relancer son économie. Avec l’arrivée de Donald Trump dans le décor, la grand-messe de Davos pourrait même prendre une importance particulière.
Justin Trudeau a prouvé sa capacité de bouger rapidement. Bouger efficacement? À voir.