Le Journal de Montreal

Elle a eu trois enfants de son père

La présumée victime a raconté son enfer en cour

- Samuel BlaiS-Gauthier

GATINEAU | Une femme de 53 ans qui a eu trois enfants de son propre père a raconté les 30 ans de cauchemar qu’elle aurait vécus lors d’un témoignage à glacer le sang, hier, au procès de celui qui est surnommé le «père-grandpère de Val-des-Monts».

C’est avec une voix faible et tremblotan­te que la première des trois présumées victimes de l’accusé de 79 ans a décrit dans les moindres détails la première fois où son père aurait abusé d’elle dans une chambre de motel. Elle n’avait alors que 7 ans.

«Ça m’a fait mal. Je lui ai dit. J’ai lancé un cri. Je me souviens que j’ai mal au coeur, que je n’aime pas ça. Il me dit que c’est pour mon bien», s’est rappelé avec douleur la présumée victime.

Selon son récit, les attoucheme­nts et agressions sexuelles se seraient multipliés pendant des décennies, pour devenir presque quotidiens. Le matin avant les classes, sur l’heure du dîner, le soir; il arrivait même à l’accusé d’aller chercher directemen­t sa victime à l’école pour l’agresser.

«Je tentais de le repousser, mais il me disait toujours qu’il était malade et qu’il fallait que je l’aide. Il me disait ''ne fais pas ton égoïste, tu le sais que j’en ai besoin''», a raconté en larmes la présumée victime.

TESTS D’ADN

Des tests d’ADN ont démontré que l’accusé a fait trois enfants à sa fille. Elle est la première à témoigner dans ce procès prévu pour au moins deux semaines. Les deux autres présumées victimes doivent témoigner dans les prochains jours.

Selon les actes d’accusation, les agressions auraient duré de 1972 à 2004 à Valdes-Monts, en Outaouais et à Montréal.

La femme de 53 ans est tombée enceinte de son père pour la première fois alors qu’elle n’avait que 13 ans.

«Mon père n’était pas fâché [que je sois enceinte], car il n’avait plus besoin de se retirer tout le temps de ma grossesse», a dit la présumée victime.

Tout au long de la grossesse, le père aurait continué à abuser de sa fille «tous les jours jusqu’à l’accoucheme­nt», ditelle.

«Le jour des funéraille­s [de ma mère] moi et mon père on est allés à l’épicerie du coin pour chercher le lunch. En route il est rentré dans un champ et il s’est jeté sur moi. J’ai dit ''non''! Il m’a répondu ''ne commence pas, tu ne sais pas ce que je vis''.»

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