Le Journal de Montreal

Une halte-chaleur suscite inquiétude

Le Protecteur des itinérants craint pour leur sécurité

- Caroline lévesque

Devant un autre élan de générosité pour aider les personnes itinérante­s à se réchauffer lors des nuits hivernales, le Protecteur des itinérants de Montréal s’inquiète pour la sécurité des sans-abri et ceux qui les accueillen­t dans une église d'Hochelaga.

Tout comme avec la halte-chaleur de SOS itinérance, Serge Lareault, Protecteur des itinérants à Montréal, émet des réserves quant à l’initiative de l’église du Roi des rois, dans Hochelaga.

Une halte-chaleur est un local permettant aux personnes sans-abri d’y prendre un café et de s’y réchauffer toute la nuit, sans qu’elles ne puissent y dormir, contrairem­ent à un refuge. Or, cette église chrétienne permet aux gens qu’elle accueille de s'y assoupir au sol, fournissan­t couverture­s et oreillers.

«La solidarité humaine, c’est important et je reconnais la générosité de cette église. Mais est-ce que les bénévoles sont bien formés, en sécurité, et est-ce que les personnes accueillie­s, parfois au bord de l’overdose, le sont aussi?» s’interroge M. Lareault.

Il ajoute que s’il avait une personne à référer à une halte-chaleur, l’établissem­ent devrait être relié au réseau de la santé.

Le pasteur Michel Monette, de l’église du Roi des rois, préfère travailler «sous le radar» des instances publiques, car selon lui, cela aide à mieux accomplir sa mission.

«On a le système et la bureaucrat­ie qu’on a, affirme-t-il. On est hyper protégés et on se protège tout le monde. À un moment donné, ça devient hyper aseptisé.»

FILMS, BEIGNES ET CAFÉ

«Je comprends que la Ville peut dire que nos gens sont bénévoles et n’ont pas la formation adéquate, mais les personnes ont besoin d’une place à dormir au chaud», affirme M. Monette.

«Ce n’est pas en laissant les pauvres dehors qu’on va changer la réputation du quartier», ajoute-t-il.

Les bénévoles accueillen­t les personnes itinérante­s avec du café et des beignes. Des films sont projetés toute la nuit.

L’église a ouvert ses portes à trois personnes lors de sa première nuit, le 8 janvier. À même son propre financemen­t, elle espère ouvrir chaque nuit où le thermomètr­e indiquera minimaleme­nt -18 degrés Celsius.

Elle dit travailler en coopératio­n avec la halte-chaleur de SOS itinérance, qui accueille chaque nuit depuis le 4 janvier une dizaine de personnes par temps doux, alors que le nombre augmente à une vingtaine à partir de -15 degrés Celsius ressentis.

L’église veut également accueillir les hommes du refuge du Cap St-Barnabé, fermé la fin de semaine et où on retrouve une dizaine de lits.

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Le pasteur Michel Monette, de l’église du Roi des rois, aime travailler «sous le radar» des instances publiques.

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