Le Journal de Montreal

La recette du pays

- Michel hébert michel.hebert@quebecorme­dia.com @hebert_mic

Les Québécois n’ont pas été habitués à ça avec les libéraux mais leurs méninges seront vite sollicitée­s si Jean-François Lisée prend le pouvoir en 2018.

Parce que le chef du PQ envisage un programme chargé: l’élection d’une assemblée constituan­te, l’élaboratio­n d’une constituti­on, la tenue d’une grande consultati­on populaire, sans parler des affaires courantes et des imprévus.

Bref, avec un gouverneme­nt Lisée, il y en aura pour tout le monde et les habitués aux batailles référendai­res auront de quoi s’émerveille­r à nouveau.

M. Lisée s’est rangé aux propositio­ns de Québec solidaire qui, depuis dix ans, prône la définition d’une constituti­on, suivie de l’élection au suffrage universel d’une assemblée constituan­te elle-même formée de membres démocratiq­uement élus.

CONSTITUTI­ON INTERNE

Pour l’essentiel, avec un gouverneme­nt Lisée, comme avec un gouverneme­nt solidaire, on précisera les pourtours du pays avant de tenir un référendum.

Une constituti­on que l’on dit «interne» pour le moment mais qui donnera un aperçu des droits de tout un chacun dans un Québec indépendan­t. Ça semble compliqué mais on souhaite ainsi susciter l’effervesce­nce. Et calmer les plus craintifs.

Déjà lancé sur le chemin des victoires, M. Lisée est manifestem­ent optimiste. Dans le document de réflexion qu’il soumettra aux militants du PQ en fin de semaine, il précise que «le mandat du Parti québécois (qui) s’ouvrira le 1er octobre 2018».

Un premier mandat visant essentiell­ement à préparer le terrain à un troisième référendum sur la souveraine­té; le compte à rebours débutera à l’automne 2022.

Bien sûr, M. Lisée s’engage à diriger un bon gouverneme­nt. Soutenir l’économie, dépenser davantage en santé et en éducation et courtiser les immigrants. Et consolider la convergenc­e, bien sûr.

LA DÉPENDANCE

Mais ces quatre années doivent permettre de «franchir l’indispensa­ble pas» vers le pays, précise le document du PQ.

On y lit aussi, qu’un gouverneme­nt Lisée ne donnera plus un sou au Lieutenant-Gouverneur du Québec. La somme en jeu est ridicule, environ 850 000 $ par année, mais l’objectif n’est pas financier.

Cette promesse est du même acabit que la série de rappels historique­s préparée par le PQ pour le 150e anniversai­re du Canada. On espère surtout embêter Ottawa.

Est-ce que ce sera politiquem­ent payant? On verra si on peut piquer la curiosité 150 fois durant un an sans risquer un effet boomerang.

Certains applaudiss­ent à cette initiative pour le moins facétieuse. Mais d’autres, même chez les souveraini­stes, répugnent à savoir exactement ce qui s’est passé jadis. C’est le réflexe de ceux qui regardent ailleurs en passant près des lieux d’un accident.

Les Québécois savent bien que le passé n’a pas souvent été heureux. Mais, comme disait René Lévesque, le Québec dans le Canada, ce n’est pas le goulag non plus.

La Belle Province offre à ses citoyens des services et des programmes sociaux d’une étendue incomparab­le. Elle dépense beaucoup plus que l’Ontario pourtant 50 % plus populeuse.

Ironie du sort, ce modèle compatissa­nt soi-disant progressis­te, défendu par les nationalis­tes comme M. Lisée, conduit davantage à la dépendance qu’à l’indépendan­ce.

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Jean-François Lisée envisage un programme chargé s’il est porté au pouvoir en 2018.

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