Le Journal de Montreal

Hausse des saisies de maisons

Elles ont grimpé de 16 % en 2016 alors qu’elles avaient baissé l’année précédente

- MARTINE TURENNE

Le nombre de maisons saisies a augmenté de 16 % en 2016 au Québec, contre une baisse de 5,2 % en 2015.

Les saisies ou délaisseme­nts surviennen­t lorsqu’un immeuble hypothéqué est abandonné volontaire­ment au profit de son créancier hypothécai­re, ou qu’un jugement l’ordonne en raison d’un défaut de paiement.

Selon le portail Nominis, il y a eu délaisseme­nt de 2753 maisons au Québec, contre 2370 en 2015. On est cependant loin des 3132 saisies de 2009.

PLUSIEURS FACTEURS

Les préavis de 60 jours, soit l’étape avant la saisie, ont de leur côté diminué de 7,63 % sur l’ensemble du territoire en 2016, contre une hausse de 2,2 % en 2015.

Cela signifie qu’il y a eu moins de propriétai­res en difficulté­s de paiement en 2016, mais que ceux qui vivaient ce genre de difficulté­s ont été plus nombreux à voir leur maison saisie.

«Un préavis sur trois a résulté en délaisseme­nt en 2016, contre un sur quatre en 2015», dit Philippe Langlois, directeur des produits au portail Nominis. Il y a donc eu plus de risque qu’un préavis se termine en saisie.

«Cela peut signifier, dit-il, que les délais de vente ont augmenté. Le propriétai­re en difficulté n’a pu vendre sa maison à temps pour éviter la saisie. Aussi, les syndics font peut-être un meilleur travail de prévention.»

DERNIER RECOURS

Les saisies de maison et les préavis de 60 jours sont devenus un dernier recours pour les banques, dit Éric Lebel, conseiller en redresseme­nt financier et associé chez Raymond Chabot Grant Thornton. «Les gens qui font faillite vont conserver la plupart du temps leur maison plutôt que la perdre.»

En 2016, il y a eu une hausse de 6 % des faillites au Québec. «Il y a donc davantage de problèmes financiers, dit Éric Lebel, mais généraleme­nt, les gens conservent leur maison, tout simplement parce que l’équité n’est pas assez élevée si la banque la saisit et la revend. Le tout se fait souvent à perte. Les banques vont donc préférer que le propriétai­re continue de payer son hypothèque.»

Et en fait, elles n’ont pas le choix de le faire si le propriétai­re n’est pas en défaut de paiement. Ce qui est souvent le cas, poursuit Éric Lebel. «Avec la voiture, la maison est la première chose que les gens en difficulté­s financière­s paient. Ce sont les cartes de crédit qui sont le plus souvent en souffrance.»

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