LA « CULTURE DU TEMPS SUPPLÉMENTAIRE » DÉNONCÉE
Cols bleus de Montréal
La véritable «culture du temps supplémentaire» chez les cols bleus de Ville-Marie soulignée devant un tribunal est une mauvaise gestion des fonds publics en plus de faire craindre pour la sécurité des travailleurs et citoyens, selon des experts.
Cette culture semble tellement bien ancrée que certains cols bleus de Montréal vont jusqu’à prendre des vacances pendant leur quart régulier de travail dans le but de se faire rappeler en temps supplémentaire payé à taux et demi.
C’est notamment ce que souligne l’arbitre du Tribunal d’arbitrage Marcel Morin dans une décision rendue lundi au sujet d’un litige entre le syndicat des cols bleus et l’arrondissement de Ville-Marie. Ceux-ci ne s’entendaient pas à savoir si une employée avait le droit de travailler 7 jours de suite grâce au temps supplémentaire.
« HEURES ASTRONOMIQUES »
Dans le document, l’avocat constate avec étonnement que les cols bleus font une quantité de temps supplémentaire «astronomique» dans l’arrondissement dont le maire est Denis Coderre. «Une culture du temps supplémentaire s’est développée […] Certains employés n’ont pas de limite», peut-on lire.
Selon divers témoignages, cette situation perdure depuis des années grâce notamment à un changement fréquent des cadres et une «tiède volonté» de certains d’entre eux à limiter le temps supplémentaire. Certains cols bleus auraient aussi un fort désir de faire le plus d’heures possible.
Ce rythme de travail peut avoir des conséquences importantes sur la sécurité des Montréalais, croit Dre Anne Thériault, qui a témoigné devant l’arbitre.
«Un conducteur de camion qui s’endort au volant pourrait faire un accident fatal pour lui-même, ses collègues ou la population générale, a souligné la médecin. Dès qu’un employé col bleu a accumulé 50 heures de travail [par semaine sans repos], il représente un risque accru pour sa santé et celle d’autrui.»
« INACCEPTABLE »
Cette «culture du temps supplémentaire» fait tout de même bondir le porte-parole québécois de la Fédération canadienne des contribuables (FCC).
«C’est choquant, déplorable et inacceptable. C’est le type de situation qui écoeure les contribuables, qui ont toujours l’impression de ne jamais avoir assez de services pour l’argent qu’ils payent», s’insurge Carl Vallée.
Pour sa part, la professeure spécialisée en relations de travail à l’UQAM, Danielle Pilette, croit que les élus de Ville-Marie devraient veiller plus à la bonne gestion des fonds publics.