Mieux punir le cellulaire au volant
Un coroner souhaite que les automobilistes qui utilisent leur téléphone écopent de 9 points d’inaptitude
DRUMMONDVILLE | Un coroner recommande neuf points d’inaptitude pour les automobilistes qui se font arrêter avec un cellulaire au volant.
Le 7 mai 2016, Fabien Charron, 32ans, conduisait en état d’ébriété, avait consommé du cannabis, sa ceinture n’était pas bouclée et il roulait trop vite lorsqu’il est décédé lors d’un accident sur la route 122 à Saint-Edmond-de-Grantham au Centre-du-Québec.
Selon le coroner Yvon Garneau, chacun de ces facteurs a pu causer le décès de M. Charron, mais il a décidé de pointer du doigt l’utilisation du cellulaire au volant.
Un téléphone a été retrouvé près de M. Charron après l'accident. Celui-ci l'avait utilisé à quatre reprises entre 22h30 et 22h51, soit une vingtaine de minutes avant de perdre le contrôle de sa voiture. Lors de la collision, la victime a été éjectée de la voiture.
«Il n'y avait aucun “mains-libres”. L'usage dangereux, téméraire et risqué du cellulaire est un facteur majeur dans cette cascade», a affirmé le coroner. Il s'agissait d'appels vocaux, aucun texto n'a été envoyé.
PLUS SÉVÈRE
Yvon Garneau aimerait que les automobilistes qui se font prendre avec un téléphone en main écopent de neuf points d'inaptitude, au lieu de quatre présentement. Le cellulaire au volant deviendrait ainsi l’infraction la plus sévère du Code de la sécurité routière avec le dépassement des autobus scolaires lorsque les clignotants sont activés.
Les automobilistes de moins de 23ans ont droit à neuf points d’inaptitude. Ils les perdraient donc tous d’un coup s’ils se faisaient prendre à utiliser leur cellulaire.
«La SAAQ fait des publicités à coups de millions, mais ça ne sert à rien. Il faut changer le comportement comme on l'a fait avec le dépassement des autobus scolaires quand on a durci le ton», a-t-il lancé.
Il s’agit de la troisième fois que le coro- ner Garneau recommande une telle mesure pour dissuader les automobilistes d’utiliser leurs cellulaires.
CRIMINEL ?
La Société de l'assurance automobile du Québec connaît l'existence des recommandations et admet que la distraction, dont fait partir le cellulaire, est responsable d'un accident sur deux. La question des points devrait être abordée lors des consultations publiques sur la sécurité routière qui seront tenues dans 11 villes de la province, en février prochain.
«Des recommandations seront ensuite transmises au ministre des Transports», a assuré le porte-parole de l'organisation, Mario Vaillancourt.
En août dernier, le ministre Laurent Lessard avait dit vouloir criminaliser le cellulaire au volant. Il avait suggéré de suspendre le permis de conduire et de saisir le véhicule des contrevenants, comme c’est le cas pour l’alcool au volant.