Les familles crient victoire
La décision de permettre les caméras dans les chambres des CHSLD est saluée par les proches et les experts
Les familles inquiètes des conditions de vie de leurs parents dans les CHSLD applaudissent la décision de Québec de permettre qu’on y installe une caméra dans la chambre, après des années de lutte.
«Enfin! Ça fait tellement longtemps qu’on dénonce, mais que rien ne bouge», a réagi Pierrette Thériault-Martel, qui a pris soin de sa mère jusqu’à son décès, en 2011, dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et à qui on a interdit l’installation d’une caméra dans sa chambre.
La ministre libérale Francine Charbonneau a déposé hier les orientations de son gouvernement concernant l’usage des caméras de surveillance dans les CHSLD. Les aînés qui le souhaitent pourront désormais installer des caméras comme bon leur semble dans leur chambre.
«C’est une excellente nouvelle. Dieu merci, on a eu une caméra pendant que mon mari était en CHSLD. Mais aujourd’hui, tous vont pouvoir en profiter», dit Colette Duguay.
Pour elle, la caméra a peut-être sauvé la vie de son mari aveugle et atteint d’Alzheimer. «Il lui est arrivé de tomber et de rester par terre pendant deux heures. Les employés étaient dépassés par la situation et finissaient par se fier à moi», dit celle qui accourait parfois en pyjama la nuit.
CAMÉRAS INTERDITES
Dans d’autres CHSLD, on interdisait aux patients d’installer des caméras. Ça sera maintenant permis.
«J’ai vu tellement de patients maltraités. Ça va augmenter leur sécurité, dit Mme Thériault-Martel», qui a été victime d’une poursuite-bâillon d’Eddy Savoie, président du Groupe Soleil, pour avoir dénoncé les conditions de vie de sa mère.
«La caméra dans la chambre est un excellent équilibre entre la sécurité des patients et la vie privée du personnel», ajoute Bob Habib, qui a placé une caméra dans la chambre de CHSLD de sa mère jusqu’à son décès en 2014.
«C’est un gain pour nous, qui bataillons pour ce droit depuis 1993. Depuis le temps qu’on dit que la chambre d’un patient, c’est comme si c’était chez lui», dit Louis Plamondon, de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées.
«On ne dit pas de mettre des caméras partout. On dit d’en mettre si on doute de la qualité des services ou si la communication avec le personnel est déficiente», précise Me Jean-Pierre Ménard, qui croit aux vertus de ces appareils. Ça lui a permis de prouver qu’on ne lavait pas le patient entre deux changements de couche ou qu’on faisait manger une personne âgée, mais qu’on ne la faisait pas boire.
« PLUSLE PERSONNELCAPABLE DE DU BIEN CHSLD S’OCCUPERN’ÉTAIT DE MON MARI. LA CAMÉRA M’AIDAIT À LE FAIRE MOI-MÊME. » – Colette Duguay