La levée des ristournes en pharmacie inquiète
Des milliers de patients risquent de voir leurs médicaments génériques changer de marque au cours des prochaines semaines, s’inquiète le Conseil de protection des malades.
Il s’agit d’une conséquence prévisible du déplafonnement des ristournes versées aux pharmaciens par les fabricants de médicaments génériques qui entrera en vigueur le 28 janvier prochain.
Pour le Conseil, il est à craindre que des pharmaciens cèdent au plus offrant sans considérer l’impact pour les patients.
Déjà, des discussions sont en cours entre fabricants et pharmaciens. Certaines compagnies offriraient jusqu’à 50 % de ristournes et même 70 % pour certains médicaments populaires.
«Il y a des pharmaciens qui ont déjà avoué ça (changer selon les ristournes). La stabilité du traitement pharmacologique risque d’en prendre pour son rhume», dénonce le président du Conseil, Paul G. Brunet.
Depuis 2007, les ristournes avaient été limitées à 15 % avant d’être augmentées à 25 % puis à 30 % l’an dernier. Ce plafond sera levé dès la fin janvier, et ce, pour les deux prochaines années.
LE MINISTRE INTERPELLÉ
Ce déplafonnement avait été accordé par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, pour compenser les ponctions de 400 millions $ sur trois ans faites par le gouvernement dans les pharmacies. Le Conseil de protection des malades demande au ministre de revenir sur sa décision de déplafonner les ristournes.
Dans un mémoire déposé en mars 2016, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires s’était aussi inquiétée des changements fréquents de médicaments génériques qui peuvent compromettre le suivi du traitement. L’Association y indiquait notamment que les médicaments génériques ne sont pas identiques entre eux.
Plusieurs acteurs du milieu estiment qu’il faut changer la rémunération pour éviter aux pharmaciens de dépendre des ristournes provenant des fabricants. «Il faut que les pharmaciens puissent regagner toute leur indépendance professionnelle», conclut Paul G. Brunet.