Un président illégitime ?
À la veille de l’assermentation de Donald Trump comme président, certains doutent de sa légitimité. Il peut y avoir d’excellentes raisons de s’opposer à Trump, mais, jusqu’à preuve du contraire, il a été légitimement élu.
Une controverse fait rage depuis quelques jours suite aux propos du représentant John Lewis, qui boycottera l’assermentation de Trump, car il considère son élection «illégitime». Lewis sera suivi dans ce boycott par une soixantaine de représentants démocrates.
AUTORITÉ MORALE VS LÉGITIMITÉ
Il est clair que la source profonde de cette opposition est la campagne électorale de Trump axée sur les insultes, les divisions, le ressentiment racial et les appels à la violence, qui amènent plusieurs Américains à mettre en doute l’autorité morale du prochain président.
Ce sentiment largement répandu a contribué à faire de Trump le président élu le plus impopulaire depuis l’invention des sondages.
Il a malgré tout bel et bien été élu et il est politiquement risqué de mettre en doute le verdict démocratique en attaquant la légitimité de son élection.
L’ARROSEUR ARROSÉ
Ce n’est pas la première fois qu’on met en doute la légitimité d’un président dûment élu. Par exemple, Donald Trump lui-même avait mené la charge contre la légitimité de Barack Obama en colportant des théories farfelues sur son lieu de naissance.
Ça n’a pas empêché Trump d’être élu, mais l’épisode continuera longtemps à miner l’autorité morale du nouveau président. Aujourd’hui, c’est son tour.
Ce qui pose le problème de la légitimité, selon Lewis, est la possibilité qu’il y ait eu collusion entre la campagne de Trump et des Russes impliqués dans le vol et la dissémination d’informations nuisibles à la campagne d’Hillary Clinton.
LES ÉTATS-UNIS AFFAIBLIS ?
Les liens potentiels de DonaldTrump avec la Russie sont une source d’inquiétude aux États-Unis. D’abord, des rumeurs persistent sur les liens financiers qui pourraient rendre le président sujet à des manoeuvres de chantage de la part de créanciers russes. Ces rumeurs pourraient facilement être dissipées si Trump publiait ses rapports d’impôt, mais il ne le fait pas.
Plus grave serait une possible collusion entre les agents russes et la campagne de Trump. Aucune preuve solide n’appuie cette hypothèse, mais s’il y avait eu collusion, la menace de publier de telles preuves donnerait à Vladimir Poutine une carte maîtresse pour infléchir la politique étrangère américaine.
Par exemple, si Donald Trump décide de rapatrier subitement des troupes américaines récemment déployées par l’OTAN en Pologne et en Lettonie, certains n’hésiteront pas à parler d’un quid pro quo.
Si le président russe s’est en effet immiscé dans le processus politique américain, il en sortira gagnant non seulement si la politique étrangère de Trump américaine lui est favorable, mais également si les institutions démocratiques américaines s’affaiblissent.
C’est pour éviter que ces institutions ne s’affaiblissent encore plus qu’il faudra faire la lumière sur les questions qui entourent encore l’élection et que Trump devra s’affairer à mériter l’autorité morale qui lui fait encore défaut.
Ce sentiment a contribué à faire de Trump le président élu le plus impopulaire depuis l’invention des sondages.