Le Journal de Montreal

Le président élu soupçonné de blanchimen­t d’argent

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PORT-AU-PRINCE | Le président élu d’Haïti, Jovenel Moïse, est soupçonné de blanchimen­t d’argent selon un rapport administra­tif qui refait surface après que des parlementa­ires ont exigé la fin de l’enquête sur le dossier avant la prise de fonction présidenti­elle prévue le 7 février.

«Pour la vérité et pour l’Histoire, on veut faire savoir que l’enquête (sur Jovenel Moïse) a été ouverte en 2013 et que le rapport a été expédié au parquet en 2016: personne n’a instrument­alisé l’UCREF depuis que je suis directeur général», a assuré aux médias hier Sonel Jean-François, le directeur général de l’Unité centrale de renseignem­ents financiers.

Cette administra­tion, qui a produit le rapport, a exceptionn­ellement tenu une conférence de presse hier après que quatre sénateurs eurent, dans une lettre publiée lundi, exigé la résolution du dossier «avant que soit enclenché tout processus visant à la prestation de serment d’un quelconque président élu», précise le courrier.

RÉACTIONS

Jovenel Moïse a toujours démenti les accusation­s de crimes financiers, qu’il a qualifiées d’attaques politiques.

«Jovenel Moïse n’a rien à voir avec des histoires de blanchimen­t, car je suis un travailleu­r qui a honnêtemen­t passé toute sa vie à travailler pour être là où je suis. Je sais pertinemme­nt que c’est un dossier politique» affirmait-il en septembre 2016.

Ses avocats ont dénoncé hier matin, sur une radio privée, les inexactitu­des supposées du rapport: dans son analyse sur les comptes bancaires de Jovenel Moïse, l’UCREF aurait fait une erreur de devise, entre la monnaie nationale, la gourde, et le dollar américain.

«Il n’y a pas d’erreur dans le rapport de l’UCREF», a répondu le directeur général de l’institutio­n, montrant aux journalist­es une copie de l’ouverture du compte incriminé sur lequel la devise dollars américains est précisée. «Il y a d’autres éléments que les banques ont envoyé qu’on ne peut étaler ici dans le cadre de cette conférence de presse. Beaucoup se focalisent sur cette histoire de gourdes et dollars, mais il y a une quantité d’éléments qui ont permis d’arriver à la conclusion de l’enquête», a assuré Sonel Jean-François.

PAS DE DÉMARCHE

La véracité du rapport de l’UCREF doit être établie par le juge, mais depuis août 2016, aucune démarche n’a été officielle­ment entreprise par l’instructio­n.

À moins de trois semaines de la prise de fonction de Jovenel Moïse, cette polémique vient envenimer la vie politique haïtienne toujours divisée quant à la justesse des résultats de l’élection présidenti­elle.

Déboutés par la justice, les trois principaux opposants de Jovenel Moïse refusent toujours de reconnaîtr­e sa victoire et plusieurs parlementa­ires de l’opposition menacent de boycotter la prestation de serment.

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À moins de trois semaines de la prise de fonction de Jovenel Moïse, cette polémique vient envenimer la vie politique haïtienne toujours divisée quant à la justesse des résultats de l’élection présidenti­elle.
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