Le Journal de Montreal

The Conservati­ve Party …

- Mathieu Bock-côté mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote Blogueur au Journal

Le Parti conservate­ur, contrairem­ent à ce qu’on entend souvent, n’est pas un repaire de gros méchants.

Au Québec, on le diabolise souvent. On se l’imagine comme un rassemblem­ent de réactionna­ires, d’ultraconse­rvateurs sociaux, de capitalist­es enragés, de climatosce­ptiques et d’amoureux des armes à feu.

C’est une caricature injuste.

ANGLOPHONE

Ce parti, globalemen­t attaché à l’économie de marché, aux valeurs traditionn­elles, à la loi et l’ordre et à l’héritage britanniqu­e du Canada, représente une partie importante de l’identité canadienne.

Mais une chose est vraie à propos du Parti conservate­ur: c’est le parti du vieux Canada anglais. Et c’est le parti de ceux pour qui le Canada est et doit demeurer un pays anglais.

Les conservate­urs ne sont pas obtus: ils sont généraleme­nt prêts à accommoder les francophon­es. Mais voilà, pour eux, il ne s’agit que d’un accommodem­ent.

Le bilinguism­e est une concession faite au Québec, mais ce n’est pas un trait fondamenta­l du pays. Jamais, le français n’aura les mêmes droits que l’anglais. Jamais, il ne sera traité sur un pied d’égalité.

On le voit avec la présente course à la chefferie de ce parti.

Fondamenta­lement, il est traversé par une question: le premier ministre du Canada doit-il parler français? Plusieurs disent non. Il y a des limites à se soumettre au Québec. Le français serait utile, mais pas nécessaire.

Ceux qui disent oui omettent d’ajouter que pour eux, baragouine­r le français, c’est le parler suffisamme­nt.

Le débat en français à la chefferie des conservate­urs était à la fois comique et gênant.

On se demande comment des gens qui s’imaginent depuis longtemps à la tête du pays n’ont pas pris la peine d’apprendre le français.

Mais en un sens, ils ont raison: le Canada est effectivem­ent un pays anglophone.

Tant que le Québec menaçait de quitter la fédération, il fallait tenir compte de ses revendicat­ions. Maintenant que nous nous écrasons, on nous oublie sans trop de mauvaise conscience.

L’arrivée de Kevin O’Leary dans la course à la direction du Parti conservate­ur clarifie les choses.

L’homme ne parle pas français et s’en fiche. Un peu plus et il en serait fier. Il laisse comprendre que les Québécois eux-mêmes, du moins ceux qui ont du talent, parlent déjà anglais.

En gros, on peut nous gouverner sans même nous comprendre.

Il y a chez lui une arrogance envers les Québécois qui fait penser à la vieille domination coloniale anglo-saxonne.

Mais soyons honnêtes: le Parti libéral est-il vraiment mieux? Officielle­ment, c’est le parti du bilinguism­e. Dans les faits, il s’aligne lui aussi sur le Canada anglais, démographi­e oblige.

MÉPRIS

On a beaucoup célébré, après les dernières élections fédérales, le cabinet fédéral paritaire de Justin Trudeau. On dénombrait les femmes, les minorités ethniques, les minorités religieuse­s.

Mais étrangemen­t, on a assez peu porté attention au nombre de ministres non québécois capables de parler français.

Le résultat était pourtant catastroph­ique.

Mais nous avons encore décidé de faire semblant de rien.

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Il y a chez Kevin O’Leary une arrogance envers les Québécois qui fait penser à la vieille domination coloniale anglo-saxonne.

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