The Conservative Party …
Le Parti conservateur, contrairement à ce qu’on entend souvent, n’est pas un repaire de gros méchants.
Au Québec, on le diabolise souvent. On se l’imagine comme un rassemblement de réactionnaires, d’ultraconservateurs sociaux, de capitalistes enragés, de climatosceptiques et d’amoureux des armes à feu.
C’est une caricature injuste.
ANGLOPHONE
Ce parti, globalement attaché à l’économie de marché, aux valeurs traditionnelles, à la loi et l’ordre et à l’héritage britannique du Canada, représente une partie importante de l’identité canadienne.
Mais une chose est vraie à propos du Parti conservateur: c’est le parti du vieux Canada anglais. Et c’est le parti de ceux pour qui le Canada est et doit demeurer un pays anglais.
Les conservateurs ne sont pas obtus: ils sont généralement prêts à accommoder les francophones. Mais voilà, pour eux, il ne s’agit que d’un accommodement.
Le bilinguisme est une concession faite au Québec, mais ce n’est pas un trait fondamental du pays. Jamais, le français n’aura les mêmes droits que l’anglais. Jamais, il ne sera traité sur un pied d’égalité.
On le voit avec la présente course à la chefferie de ce parti.
Fondamentalement, il est traversé par une question: le premier ministre du Canada doit-il parler français? Plusieurs disent non. Il y a des limites à se soumettre au Québec. Le français serait utile, mais pas nécessaire.
Ceux qui disent oui omettent d’ajouter que pour eux, baragouiner le français, c’est le parler suffisamment.
Le débat en français à la chefferie des conservateurs était à la fois comique et gênant.
On se demande comment des gens qui s’imaginent depuis longtemps à la tête du pays n’ont pas pris la peine d’apprendre le français.
Mais en un sens, ils ont raison: le Canada est effectivement un pays anglophone.
Tant que le Québec menaçait de quitter la fédération, il fallait tenir compte de ses revendications. Maintenant que nous nous écrasons, on nous oublie sans trop de mauvaise conscience.
L’arrivée de Kevin O’Leary dans la course à la direction du Parti conservateur clarifie les choses.
L’homme ne parle pas français et s’en fiche. Un peu plus et il en serait fier. Il laisse comprendre que les Québécois eux-mêmes, du moins ceux qui ont du talent, parlent déjà anglais.
En gros, on peut nous gouverner sans même nous comprendre.
Il y a chez lui une arrogance envers les Québécois qui fait penser à la vieille domination coloniale anglo-saxonne.
Mais soyons honnêtes: le Parti libéral est-il vraiment mieux? Officiellement, c’est le parti du bilinguisme. Dans les faits, il s’aligne lui aussi sur le Canada anglais, démographie oblige.
MÉPRIS
On a beaucoup célébré, après les dernières élections fédérales, le cabinet fédéral paritaire de Justin Trudeau. On dénombrait les femmes, les minorités ethniques, les minorités religieuses.
Mais étrangement, on a assez peu porté attention au nombre de ministres non québécois capables de parler français.
Le résultat était pourtant catastrophique.
Mais nous avons encore décidé de faire semblant de rien.