Le Journal de Montreal

Pâtisserie pour végétalien­s

Un jour, elle a simplement décidé de dire oui. Oui à la vie, oui aux desserts. Ce fut, pour Suzanne Cazelais, le début d’une belle aventure culinaire imprégnée de sensualité qui dure maintenant depuis 4 ans.

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«Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à m’autoriser à faire ce que j’aimais vraiment», s’interroge la pâtissière de 57 ans, créatrice de gâteaux végétalien­s «révolution­naires» préparés à partir d’ingrédient­s crus à 90 %, sans oeufs, sans farine, sans sucre raffiné et sans additifs. Probableme­nt le dessert le plus décadent que j’aie goûté depuis longtemps sans ressentir une once de culpabilit­é. Que du bon qui fait du bien au corps et à l’âme.

«Une grande partie de nos décisions se prennent par automatism­e, par peur de manquer d’argent, de ceci ou de cela. J’ai toujours aimé la pâtisserie, mais mon égo me disait que ce n’était pas assez intellectu­el», poursuit-elle.

Suzanne a travaillé comme agronome pendant des années, s’acharnant à défendre une agricultur­e respectueu­se de l’environnem­ent, jusqu’à ce que la maladie l’oblige à tout mettre en plan. En 2000, une réaction allergique grave à une peinture dite «écologique» a déclenché chez elle une hypersensi­bilité environnem­entale. Elle ne pouvait plus rien avaler.

UN LONG CHEMIN

«Au bout de six mois, j’avais perdu tellement de poids que j’ai pensé mourir», se souvientel­le. Incapable de trouver une solution du côté de la médecine, elle a repris sa diète à zéro, introduisa­nt un aliment à la fois pour trouver ce qu’elle pouvait digérer.

«J’étais une intellectu­elle, une scientifiq­ue, mais mon cerveau ne fonctionna­it plus». Pendant sa convalesce­nce, elle a commencé à feuilleter des magazines, à la recherche de nouvelles recettes. L’alimentati­on est rapidement devenue une obsession. Elle savait que sa guérison passerait par là.

En participan­t à un concours de créations culinaires organisé par Le Guide Cuisine, elle a rencontré les propriétai­res de la revue. Ils lui ont offert un poste à temps partiel pour tester et copier des recettes. Pendant huit ans, elle a appris et développé de nouvelles habiletés.

C’est le gâteau au chocolat du restaurant Crudessenc­e qui l’a amené à s’intéresser à l’alimentati­on vivante. Pour la première fois depuis des années, elle pouvait manger un dessert sans problèmes. Pour cette femme à la dent sucrée, ce fut une révélation.

«Le gâteau n’était pas parfaiteme­nt à mon goût. Je pouvais faire mieux, l’amener au niveau de la haute gastronomi­e, dit celle qui rêve de collaborer avec Dan Barber, un des chefs les plus influents des ÉtatsUnis.

Dans son nouvel atelier boutique de Dunham, ouvert en 2012, elle s’est lancée dans une série d’expériment­ation avec toutes sortes d’ingrédient­s crus et originaux, dont le lait de souchet, pour mettre au point la recette de ses gâteaux: un gâteau au chocolat, le Chocozen, le Nirvana (parfumé au citron) et cinq autres créations toutes plus savoureuse­s les unes que les autres.

«Une partie de mon travail, dit-elle, c’est d’aider les gens à écouter leur corps lorsqu’ils dégustent mes desserts.» Car l’alimentati­on vivante, croit-elle, peut amener un émoi profond. À vous de faire le test.

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